La chercheure en sciences sociales Émilie Dazé et l'économiste Martin St-Denis publient cette semaine une étude démontrant que chaque dollar investi dans le logement social et communautaire rapporte plus qu’il ne coûte. Voilà qui remet en perspective certains choix politiques. Quand on songe au manque de logements sociaux, on s'attarde habituellement à leur disponibilité et à leur accessibilité. Celles et ceux qui nous gouvernent trouvent utile de se servir du prétexte du manque de sous pour financer des OBNL ou des coopératives d'habitation, et se justifier de plutôt confier au privé l'augmentation de l'offre de logements dits «abordables». Or, un des aspects dont malheureusement nos gouvernements ne semblent pas tenir compte dans leurs choix budgétaires, et ce qui fait le côté original de l'étude d'Émilie Dazé et Martin St-Denis, c'est l'impact négatif du fait de devoir habiter un logement inadéquat. > *Plusieurs facettes existent au « mal-logement » : lorsqu’il est en mauvais état ou inadapté, s’il y a surpopulation (colocation obligée, cohabitation à plusieurs familles), des difficultés avec le voisinage, une localisation créant de l’isolement ou une incertitude de maintien dans les lieux, par exemple lorsqu’une aide au loyer dépend du propriétaire*. À cela s'ajoutent Par ailleurs, les coûts sociaux très élevés du fait de laisser sombrer des citoyen·nes dans l’itinérance. En 2023, [une étude commandée par l'Union des municipalités du Québec](https://ocpm.qc.ca/sites/default/files/pdf/P130/8-19_AppEco%20Inc.pdf) estimait les coûts totaux annuels d’une personne en situation d’itinérance au Québec, qui vit dans la rue, s’élèvent à 72 521 $. La même étude souligne que la sortie de l’itinérance et aussi sa prévention passent par le logement. A contrario, Émilie Dazé et Martin St-Denis rappellent que le «traumatisme associé à l’itinérance et ses effets se font sentir sur le long terme tout en étant trop souvent pris à la légère». On se retrouve avec des êtres abîmés, peu aptes à occuper un emploi, souvent affectés pour le reste de leur vie. Bref, la prévention peut non seulement éviter ce genre de situation, mais également les coûts de l'itinérance pour la société. Je ne vais pas m'attarder aux effets économiques des investissements dans le logement social. On peut en prendre connaissance aux pages 84 et 85 de l'étude. Je souligne tout de même au passage un aspect relevé par l'étude: le fait que plus de logement sociaux entraînerait une saine concurrence au secteur privé. Présentement, le marché du logement est nettement au désavantage des locataires. Ce qui importe, c'est que les effets sociaux positifs justifieraient amplement qu'on consacre davantage d'argent public dans la construction d'un plus grand nombre de logements sociaux. [Émilie Dazé et Martin St-Denis. Le logement social et communautaire : un investissement qui rapporte au Québec. Association des groupes de ressources techniques du Québec](https://agrtq.qc.ca/2025/05/01/a-venir-le-13-mai-2025-lagrtq-devoile-les-resultats-dune-nouvelle-etude-sur-les-retombees-economiques-et-sociales-des-investissements-publics-en-habitation/). #Logement