En 2021, l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques de Montréal (IRIS) concluait qu'il fallait [réduire la rémunération des médecins pour refinancer le réseau de la santé et des services sociaux](https://iris-recherche.qc.ca/publications/reduire-remuneration-medecins-pour-refinancer-reseau-sante-services-sociaux/). Quatre ans plus tard, le gouvernement Legault [s’attaque au mode de rémunération des médecins](https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2163672/projet-loi-106-remuneration-medecins) en proposant... le *versement d'un supplément collectif* dans la rémunération globale des médecins. Comprenne qui pourra! J'ai beaucoup de respect pour les médecins omnipraticiens et spécialistes. Ça ne m'empêche pas d'être critique autant de leurs fédérations respectives que des gouvernements qui se sont succédé depuis la création du programme d’assurance-maladie en 1970. Si je me fie à ce mémoire informatif à l'intention des étudiants en médecine du Québec publié en 2018 avec pour titre [La rémunération des médecins](https://fmeq.ca/wp-content/uploads/2020/11/MemoireRemunerationMedecin.pdf), c'est un véritable monstre administratif qui a été créé au fil des années avec plus de 11 000 actes médicaux codifiés afin de déterminer le montant que les médecins qui les posent peuvent recevoir de la RAMQ. Je n'ose imaginer le nombre d'heures que ce monstre administratif doit engloutir chaque année! C'eut été trop simple de rémunérer à salaire les médecins, au même titre que les autres employé·e·s du système public de santé. Trop simple aussi de s'attaquer à une autre incohérence dans la rémunération des médecins: l’écart salarial entre les sexes. > *Les premiers reçoivent une rémunération plus élevée que leurs consœurs pour une même spécialité, un même mode de rémunération et un même milieu de pratique, dans l’ensemble et même après avoir pris en compte les heures travaillées et le nombre de patientes et patients vus.* > > Shannon M. Ruzycki, Saud Sunba, Maede Ejaredar, Natalie Yanchar & Oluwatomilayo Daodu. [Éliminer les causes profondes de l’écart salarial entre les sexes en médecine au Canada](https://www.cmaj.ca/content/196/20/E713). Selon l'étude de Shannon M. Ruzycki et al., il y a trois inégalités qui expliquent cet écart: à l’intérieur d’une spécialité, entre les spécialités et propre à la patientèle. À l'intérieur d'une même spécialité, les hommes et les femmes médecins qui offrent les mêmes services ne perçoivent pas le même revenu. S'ajoute le fait que les spécialités majoritairement masculines sont davantage rémunérées que les spécialités majoritairement féminines pour un travail semblable, une inégalité qui «*pourrait être associée à la dévalorisation d’une spécialité lorsque la proportion de femmes dans cette spécialité augmente, comme on l’a vu dans d’autres domaines*». En ce qui a trait à la patientèle, les différences dans la rémunération des services fournis à des femmes par rapport à ceux fournis à des hommes expliquent l'écart favorable aux hommes médecins. Les médecins sont à plus de 70% rémunérés à l’acte. Or, les patientes sont plus susceptibles d’être traitées par des femmes médecins et il se trouve que les actes médicaux concernant des hommes sont mieux rémunérés que les actes médicaux concernant des femmes. Si les médecins étaient des professionnel·le·s salarié·e·s du réseau de la santé, il serait beaucoup plus facile de corriger le déséquilibre qui favorise les hommes médecins. On pourra me rétorquer que le salariat mettrait en cause l'autonomie professionnelle des médecins, ce à quoi je répondrai que j'ai été une professionnelle dans le secteur parapublic et que j'ai pu y œuvrer dans un contexte de grande autonomie professionnelle. Le mode actuel de rémunération des médecins est compliqué et lourd. Il serait grand temps de l'alléger, [pour un réseau de santé vraiment public](https://vraimentpublic.org/argumentaire/). #Sante/Medecins #ServicesPublics