Le terme âgisme (ageism en anglais) a été utilisé pour la première fois en 1969 [par le gérontologue américain Robert Neil Butler](https://www.universalis.fr/encyclopedie/robert-n-butler/). Dans [un article de la revue The Gerontologist](https://academic.oup.com/gerontologist/article-abstract/9/4_Part_1/243/569551?login=false), il a forgé ce terme pour décrire les discriminations et préjudices dont sont victimes les personnes âgées.
[Selon l'Organisation Mondiale de la Santé](https://www.who.int/fr/news/item/18-03-2021-ageism-is-a-global-challenge-un#cms), cette notion renvoie aux stéréotypes, aux préjugés et à la discrimination en raison de l‘âge. L’âgisme, toujours selon l’OMS, s'exprime à trois niveaux :
- Niveau Institutionnel : réfère aux lois, aux règles, aux normes sociales, aux politiques et aux pratiques des institutions qui imposent de manière injuste des restrictions en termes d'opportunités et pénalisent systématiquement les individus en raison de leur âge.
- Niveau interpersonnel : survient lors des interactions entre deux ou plusieurs personnes.
- Niveau personnel, donc auto-dirigé : quand l'âgisme est intériorisé et appliqué envers soi-même. Par exemple à force d’entendre dire que les aîné·e·s sont fragiles, une personne peut finir par se persuader elle-même qu’elle est fragile et ne pas faire d’exercices alors que si elle ne fait pas d’exercice, elle va rapidement se fragiliser.
Le kinésiologue Julien Gagnon expliquait dans La Presse en décembre dernier ([Voulons-nous des aînés fragiles ou actifs ?](https://www.lapresse.ca/dialogue/opinions/2024-12-02/en-mode-solution/voulons-nous-des-aines-fragiles-ou-actifs.php)) qu’à peine deux semaines sans activité physique, les aîné·e·s peuvent perdre une force considérable et entrer dans une spirale de fragilité. On comprend, dans ces conditions, l'importance de lutter contre l'âgisme autant envers les autres qu'envers soi-même.
Les pensées, les sentiments et les actions âgistes vis-à-vis les autres ou soi-même, ça peut s'exercer en toute conscience, mais ça peut être inconscient. Ce n’est pas parce que c’est inconscient que c’est plus acceptable.
C’est encore moins acceptable quand l'âgisme se situe à l’intersection d’autres formes de discrimination. À ce propos en 2023, lors de [consultations sur les répercussions sociales et économiques de l’âgisme à l'échelle du Canada](https://www.canada.ca/fr/emploi-developpement-social/ministere/aines/forum/rapports/consultations-agisme-nous-avons-entendu.html), et il est ressorti un phénomène dont on parle trop peu : une proportion plus élevée de répondantes (51,9 %) a rapporté avoir subi l’âgisme par rapport aux répondants (39,1 %). Trop souvent, l’âgisme est abordé de façon globale, sans distinguer l'âgisme que vivent les hommes de celui que vivent les femmes.
La même année, à l’automne 2023, le Réseau des groupes de femmes Chaudière-Appalaches (RGFCA) a rendu public une recherche-action menée dans le cadre de son projet : [STOP à l’âgisme envers les femmes aînées en Chaudière-Appalaches](https://ainees.femmesca.com/). Cette recherche illustre les différentes manifestations de l’âgisme dans la vie quotidienne des femmes rencontrées, qui découlent des structures sociopolitiques, ou plus directement de leur entourage.
Étonnamment, mais peut-être ne faut-il pas s'en étonner, l'âgisme est un domaine ni très exploré, ni très valorisé. C'est la jeune chercheuse et doctorante en psychologie du travail sur le sujet, Amélie Doucet, qui le dit [dans une entrevue sur Actualités UQAM](https://actualites.uqam.ca/2024/agisme-milieu-travail-amelie-doucet/). Elle a remarqué une tendance à décrire le vieillissement essentiellement comme un processus de perte et à associer les aînés à des victimes.
Deux constats donc à propos de l’âgisme : beaucoup d’aînés en subissent, donc oui c’est très répandu, et les femmes en sont beaucoup plus victimes que les hommes.
À suivre.
#Discrimination/Agisme #Vieillissement