Ma dernière chronique de la présente saison radiophonique sur [CKIA-FM 88,3](https://ckiafm.org/) (émission Québec, Réveille! d'aujourd'hui 23 mai) portait sur la préparation à cette phase de notre vie qu'on appelle le vieillissement (version audiosur la page [[Chronique Vieillir en ville sur CKIA-FM 88.3 📻]]). En résumé, il ne faut pas attendre d'avoir atteint 65 ans pour mettre toutes les chances de notre côté afin de pouvoir bien vieillir.
Les gens ne le réalisent pas, mais on peut passer entre vingt et trente ans, dans certains cas au-delà de trente ans, dans la phase de la vie on on devient aîné·e·s ou personne âgée, c’est-à-dire à partir de 65 ans. Imaginons-nous en 1900. Notre espérance de vie est alors beaucoup plus basse qu’aujourd’hui puisqu’elle se situe à 50 ans. Aujourd’hui, on en est à 83 ans. Non seulement on peut vivre plus longtemps, mais on peut même vivre plus longtemps en santé.
Là on a un beau paradoxe : on veut vivre de plus en plus longtemps et en même temps on reproche aux aîné·e·s de coûter cher en soins de santé. En fait, ce qui coûte cher, c’est de ne pas tenir compte du fait qu’on va inéluctablement devenir vieux ou vieille, de faire comme si on allait rester jeune toute notre vie.
**Un physique prêt à vieillir**
Au Québec, plus de la moitié des plus de 45 ans ne pratiquent aucune activité physique et c’est sensiblement le même pourcentage chez les 65 ans et plus. J’ai lu ça dans un chapitre de l’ouvrage Vieillir en santé : c’est possible de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal. [Disponible au format numérique](https://banq.pretnumerique.ca/resources/59383e86235794401241f17b) si vous êtes abonné à Bibliothèque et Archives nationales du Québec, l'ouvrage porte sur l’importance d’adopter un mode de vie actif. Très bien fait, bien vulgarisé, il aborde plusieurs aspects liés au vieillissement.
Ce que j’ai appris en lisant cet ouvrage, c’est qu’il est beaucoup plus facile de maintenir un mode de vie actif après 65 ans tout en l’adaptant à notre âge quand on a eu un mode de vie actif avant 65 ans. D’abord parce que la fibre musculaire ne se régénère pas aussi facilement en vieillissant, donc si on a pas fait d’activité physique avant 65 ans, ça va être plus difficile après. Les os perdent graduellement des minéraux au cours du vieillissement. Leur densité diminue et ils deviennent plus fragiles. Or, pour conserver sa force et sa mobilité, il est important d'avoir un squelette vigoureux.
De même, une trop grande perte de minéraux peut mener à l'ostéoporose et faire augmenter les risques de fracture en cas de chute. Surtout, comme l’écrivent Louis Bherer et Antony Karelis dans l’ouvrage, le corps c’est fait pour bouger. Plus on est sédentaire, plus on a de la difficulté à supporter les efforts physiques, plus aussi on est à risque de problèmes de santé en vieillissant : des chutes, des fractures, de la douleur chronique, de l’essoufflement, une perte de mobilité, des maladies chroniques…
Ce que suggère Louis Bherer à partir de ses études cliniques, c’est que la pratique régulière d’exercices physiques combinant de l’entrainement en force musculaire et en aérobique, en plus d’aider à garder la forme ça permet de diminuer les risques de déclin cognitif et d’améliorer les fonctions cérébrales, et ce, à tout âge.
Donc en résumé c’est pas bien compliqué, il faut bouger avant 65 ans et continuer de bouger par la suite. Mais, c’est tout de même important de prêter attention, si vous êtes du genre plutôt sédentaire depuis plusieurs années, allez-y molo au début et n’hésitez pas à consulter votre médecin au moindre doute. Servez-vous de votre jugement.
**Se faire une réserve cognitive**
Parlant de jugement, une autre dimension à laquelle on songe peut-être moins, c’est celle reliée au fonctionnement du cerveau. Toujours dans l’ouvrage *Vieillir en santé : c’est possible*, on suggère de se bâtir une réserve cognitive et de la maintenir active. Notre cerveau doit travailler! Plus il est sollicité au cours de notre vie, mieux il sera outillé pour faire face au vieillissement ou à la maladie d’Alzheimer. Une hypothèse suggère même qu’un cerveau qui est «habitué» à être sollicité sait comment faire pour créer de nouvelles «routes de neurones» et faire appel à des zones encore compétentes. C’est ce qu’on appelle la «plasticité cérébrale».
Il existe une multitude d’activités qui permettent de créer et de préserver nos réserves cognitives. Ces activités de loisirs et professionnelles stimulantes cognitivement ont toutes en commun de nous sortir de notre zone de confort intellectuel. Bref, faire travailler ses méninges plus jeunes, ça aide à garder le cerveau en forme. Il y a même des personnes qui parviennent mieux à pallier les pertes cognitives normales liées au vieillissement parce qu’elle ont développé une réserve cognitive.
**Manger mieux pour mieux vieillir**
Ça c’est pour l’aspect lié au fonctionnement physique de nos muscles, de nos neurones.... Mais ce n’est pas tout, il faut prêter attention à notre alimentation qui joue aussi un grand rôle dans le fait de vieillir ou non en bonne santé. Une étude de l'[Observatoire de la prévention de l'Institut de Cardiologie de Montréal](https://observatoireprevention.org/) basé sur le suivi de quinquagénaires pendant plusieurs décennies , a révélé qu’une alimentation riche en végétaux (fruits, légumes, grains entiers, légumineuses, noix) et appauvrie en produits d’origine animale et industriels est associée à une hausse marquée des chances de vieillir en bonne santé, autant du point de vue physique que mental.
Si les maladies chroniques qui hypothèquent la qualité des dernières années de vie se manifestent à des âges avancés, ces maladies n’apparaissent pourtant pas soudainement, du jour au lendemain.
> *Un des plus grands scandales au Québec, c'est que des personnes n'aillent pas les moyens de s'alimenter correctement. Non seulement c'est contraire aux droits humains, mais en plus on en paie tous le prix en devant assumer collectivement les soins de santé qui en résultent.*
En réalité, le diagnostic clinique d’une maladie cardiométabolique, d’un cancer ou d’une démence à 60, 70 ou 80 ans est le résultat tangible d’un très long processus, qui s’est généralement échelonné au cours des décennies précédentes avant de se déclarer à des âges plus avancés. Concrètement, ça signifie que les « fondations » de ces maladies ont commencé à se mettre en place durant le mi-temps de la vie, en particulier durant la quarantaine-cinquantaine (mais parfois encore plus tôt).
**Ne pas oublier le mental**
Un autre aspect qu’on a tendance à négliger, c’est la préparation mentale. Comme pour le physique, il ne faut pas attendre d’être rendu au moment où on passe de la vie active à la retraite pour s'y préparer, parce qu’on peut vivre tout un choc quand on réalise, comme le dit Ignace Olazabal, anthropologue et professeur à l’Université de Montréal, qu’un des aspects auquel il aurait fallu se préparer, c’est celui de la diminution de la reconnaissance sociale.
Sur un site qui se dit le média des professionnels en services financiers au Québec (conseiller.ca), j’ai trouvé un article selon lequel de plus en plus de conseillers financiers suggèrent à leur client de faire appel aux services de coachs spécialisés en style de vie et en retraite afin de les aider à gérer les aspects émotionnels et pratiques de la retraite pour «*mieux répondre aux préoccupations non financières des clients retraités, comme l’anxiété liée à la gestion du temps libre et à l’isolement social ou le risque de dépression après une vie professionnelle bien remplie*.»
En passant, je ne connaissais pas la profession de coach de retraite. C’est dire qu’il y a une clientèle pour ce genre de service formée de personnes qui du jour au lendemain se retrouvent à ne pas savoir comment s’adapter à cette nouvelle phase de leur vie. Pour ma part, je dirais qu’il faut éfléchir à la dimension non financière de la retraite. Il y a à ce propos une phrase que j’ai trouvé inspirante en parcourant divers sites qui offrent du coaching de retraite : il faut passer d’un état d’esprit du travail à un état d’esprit de contribution.
J’ai l’intuition que les gens qui font du bénévolat plus jeunes ont plus de facilité à opérer ce passage.
Le Cégep Marie-Victorin offre des [sessions de préparation à la retraite pour le grand public](https://cegepmv.ca/services-aux-entreprises/retraite-et-transition-professionnelle/session-de-preparation-a-la-retraite-pour-grand-public), auxquelles on peut assister à distance à partir de 50 ans. Dans ces sessions, il est question de divers aspects :
- La transition vers la retraite (retraite progressive)
- Les assurances collectives et les avantages sociaux
- Les questions juridiques et les divers aspects psychosociaux
- Le Régime de rentes du Québec (RRQ)
- Les finances personnelles
Les aspects financiers et juridiques sont importants, mais à mon sens les aspects psychosociaux le sont tout autant, sinon même davantage. Ça touche aux besoins , aux priorités, à l’autonomie, aux moyens pour s’adapter, à la connaissance de soi, au transfert des habiletés, aux projets de retraite, à l’emploi du temps, aux ressources disponibles (il s'agit de cours en ligne de 4 demi-journées les samedi et dimanche. au coût de 300$).
En conclusion, j'espère inciter celles et ceux parmi les plus jeunes qui lisent cette note à se préparer d'avance à joindre les 65 ans et plus.
#Vieillissement #Sante