Plusieurs organisations sont inquiètes face à l’abandon de la mobilité durable par le gouvernement du Québec. Ce qui me vient à l'esprit à propos de cet abandon, c'est plutôt de l'incompréhension. À quoi joue notre gouvernement? On s'attend à retrouver parmi ces organisations *des écolos et des gauchistes* (notez que je suis écolo et gauchiste). Or, à côté d'organismes de défense de l'environnement et d'autres qui militent pour la mobilité active comme [Piéton Québec](https://www.pietons.quebec/), on retrouve le Conseil du patronat et la Fédération des chambres de commerce. Tout ce beau monde s'est adressé au gouvernement québécois dans un récent communiqué. > *Il y a un consensus des différents secteurs de la mobilité autour de la Politique de mobilité durable, il est donc nécessaire de se doter rapidement d’un plan d’action renouvelé pour agir en cohérence avec les engagements du gouvernement et les défis actuels*. > [Plusieurs organisations s’inquiètent de l’abandon de la mobilité durable par le gouvernement du Québec – Politique de mobilité durable 2030](https://www.transitquebec.org/2025/04/plusieurs-organisations-sinquietent-de-labandon-de-la-mobilite-durable-par-le-gouvernement-du-quebec-politique-de-mobilite-durable-2030/) Malgré ce consensus en faveur de la mobilité durable, ce à quoi on assiste depuis quelques années, c'est plutôt à un très mauvais vaudeville autour du financement des transports collectifs. Déjà [dans un mémoire présenté en 2017](https://transitionenergetique.gouv.qc.ca/fileadmin/medias/pdf/consultation/memoires/TRANSIT-06dec17.pdf) dans le cadre des consultations pour la Politique de mobilité durable 2018- 2030, Transit, l’Alliance pour le financement des transports collectifs soulignait que ceux-ci souffrent d'un sous-financement chronique. Pourtant, la mobilité durable passe en grande partie par des transports collectifs efficaces. La Politique de mobilité durable et un premier plan d'action pour mettre celle-ci en œuvre n'ont pas empêché le règne de l'auto solo de se poursuivre. Dans le [Bilan synthèse 2022-2023 de la Politique de mobilité durable](https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/transports/ministere-des-transports/publications-amd/Plan_de_mobilite_durable/pmd-bilan-2022-2023.pdf), on constate en effet une augmentation de la part des déplacements effectués en auto solo (page 6) qui est passée de 69% en 2017 à 74% en 2021. On voulait plutôt qu'elle diminue, la cible à atteindre étant 55% en 2030. Je vois mal comment on pourra y parvenir, surtout sans renouvellement du plan d'action d’action de la Politique de mobilité durable qui devait pourtant se faire il y a un an. Certes la mobilité durable ce n'est pas que les transports collectifs, mais le transport collectif est l’un des outils les plus efficaces pour réduire les émissions de GES (voir à ce propos le rapport [Quantification des émissions de gaz à effet de serre évitées par le transport collectif dans les régions métropolitaines des villes de Gatineau et de Québec-Lévis](), publié en 2022). Mais on préfère mettre les transports collectifs dans la colonne du passif et les autoroutes dans celui de l'actif. Comme le disait si bien l’experte en mobilité de Polytechnique Montréal Catherine Morency en avril 2024, «[*Qu’en est-il] des dettes du réseau routier? [...]. Il n’y a pas une route qui rapporte de l’argent. Pourquoi on ne soulève jamais cette question?*» (propos rapportés dans l'article [Transports en commun : un investissement qui justifie la dépense](https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2071734/transports-commun-investissement-mobilite-quebec) (Étienne Leblanc, Radio-Canada). Cet article met le doigt sur le bobo – la priorité gouvernementale continue d'être tout ce qui facilite l'auto solo – tout en rappelant au gouvernement Legault qui aime bien comparer le Québec à l'Ontario que «*de 2022 à 2032, la province de Doug Ford a prévu d'attribuer près des trois quarts de ses investissements dans les infrastructures de transport – 71 % – aux transports collectifs*.» Catherine Morency a par ailleurs publié un article dans la revue Génial de l'Association des ingénieurs municipaux du Québec (#131 hiver 2024 – 2025) dans laquelle elle écrit (et démontre) que «*résumer l’état des transports au Québec ne fait que confirmer l’inertie du « système » face à des territoires, des programmes, des politiques et des réseaux qui soutiennent une mobilité ancrée sur le véhicule privé*.» ([L’évidence des transports collectifs face aux défis du Québec](https://www.aimq.net/levidence-des-transports-collectifs-face-aux-defis-du-quebec/)). Ce graphique extrait de l'article parle par lui-même: ![[Levidence-des-transports-collectifs-face-aux-defis-du-Quebec-image-2-1024x540.png]] En somme, pour que ça change au Québec, ça va prendre un gouvernement qui croit aux transports collectifs et qui en fait un élément majeur d'un plan d'action efficace en faveur de la mobilité durable, plutôt que de s'adonner à un jeu du serpent et de l'échelle où les transports collectifs se retrouvent toujours dans une des cases du serpent. À ce jeu, à l'échelle du temps, on va tous et toutes être des perdant·e·s. #Environnement #Environnement/GES #Transports/Mobilite