Je vois souvent poindre le terme «acceptabilité sociale» lorsqu'un projet d'aménagement est controversé. Aussi, j'ai eu envie de creuser pour mieux comprendre ce que signifie exactement cette notion. Comme je l'ai fait à plus d'une reprise, je commence par aller voir ce bon vieux Grand dictionnaire terminologique de l'office de la langue française. > *Définition :* > *Adhésion relative d'un groupe ou d'une collectivité à un projet, à un plan ou à une politique, qui se construit en amont de la prise de décision.* > *Notes :* > *L'acceptabilité sociale peut porter notamment sur des projets de construction, d'aménagement urbain, d'infrastructure, de transport ou d'exploitation de ressources naturelles.* > *L'adhésion du public peut changer au fil du temps et en fonction des modifications qui sont apportées au projet, au plan ou à la politique. On évalue cette adhésion entre autres au moyen de discussions, de sondages ou de consultations publiques portant par exemple sur la sécurité, les coûts, les retombées économiques et les conséquences pour le milieu de vie ou l'environnement.* > Grand dictionnaire terminologique, [acceptabilité sociale]( https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/26507305/acceptabilite-sociale). Dans cette définition, le mot *relative* apporte une nuance. Quant à la section *notes*, elle implique une démarche qui doit, je le déduis implicitement, conduire à un certain niveau d'adhésion du public au projet sur lequel le public est consulté. Une question qui portait précisément sur l'acceptabilité sociale, posée en 2016 à la professeure Corinne Gendron de l'École des sciences de la gestion de l'UQAM, [lors d'une entrevue pour l'émission Zone économie de Radio-Canada](https://ici.radio-canada.ca/info/videos/1-7476388/acceptabilite-sociale?isAutoPlay=1) (2 min 20 de l'entrevue), vaut la peine qu'on s'y arrête: qu'elle est la légitimité de la population à se prononcer sur un projet que l'État a approuvé dans une région? La professeure Corinne Gendron a retourné la question à l'interviewer: comment se ferait-il qu'une population ne puisse pas se prononcer sur un projet [qui affecterait son milieu de vie]. En 2019, Corinne Gendron a donné une longue entrevue à Eric Mutschler, animateur de l'émission [Durablement vôtre](https://sites.google.com/view/durablementvotre/l%C3%A9mission), sur précisément la notion d'acceptabilité sociale: <iframe width="560" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/ZMloDg1-7aE?si=_VtPtoMPOZtbs4us" title="YouTube video player" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture; web-share" referrerpolicy="strict-origin-when-cross-origin" allowfullscreen></iframe> Ce que j'en comprends, c'est que l'acceptabilité sociale peut s'avérer une forme de gestion de l'opposition potentielle à un projet de développement soit par un promoteur privé ou un acteur public. Un contre-exemple serait celui du troisième lien à Québec sur lequel s'est penchée la professeure Maude Brunet des HEC Montréal pour lequel, comme elle le souligne dans l'article [Acceptabilité sociale : il faut repenser la gouvernance des grands projets publics](https://theconversation.com/acceptabilite-sociale-il-faut-repenser-la-gouvernance-des-grands-projets-publics-183001) (17 mai 2022), tout discours en lien avec l’acceptabilité sociale est absent. Pour elle, «*il importe que la gouvernance en amont soit cohérente, basée sur les faits, sur des analyses rigoureuses et partagées et ce, afin que les débats publics se fassent de façon proactive*.» Pourrait-on déduire de ce contre-exemple que le gouvernement québécois était tellement certain de rencontrer une vive opposition qu'il n'a pas daigné consulter la population? Pour en revenir à l'entrevue de 2019, Corinne Gendron précise qu'il y a une différence entre l'acceptabilité sociale servant de stratégie pour gérer les parties prenantes et le concept scientifique qui lui, vise à comprendre pourquoi des populations acceptent ou n'acceptent pas un projet et de voir quels sont les mécanismes qui peuvent aider à ce que la décision qui est prise par un acteur ,privé ou public, soit plus en phase avec les besoins de la population. Au fond, comme le disait si bien, lors du 84e Congrès de l'Acfas en 2016 ,Véronique Fraser, professeure à la faculté de droit de l’Université de Sherbrooke, «*en fin de compte, ce n’est pas la qualité de la décision qui la rend légitime, c’est le soutien général qu’elle suscitera*». Des paroles sur lesquelles devraient méditer, ici à Québec, les promoteurs [du projet immobilier sur l'Îlot Dorchester](https://monsaintroch.com/2025/rendez-vous-le-10-avril-pour-la-consultation-sur-lilot-dorchester/). #Democratie #Economie/Developpement #Villes/DeveloppementUrbain