> [!info]
Auteur : [[Hervé Regnauld]]
[Zotero](zotero://select/library/items/C3JBAKKX)
[attachment](<file:///C:/Users/Bamwempan/Zotero/storage/MZSK74IL/Regnauld%20-%202012%20-%20Les%20concepts%20de%20F%C3%A9lix%20Guattari%20et%20Gilles%20Deleuze%20et%20l'espace%20des%20g%C3%A9ographes.pdf>)
Source: https://www.cairn.info/revue-chimeres-2012-1-page-195.htm?ref=doi
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# Annotations
> [!accord] Page 195
> Dans leurs écrits, [[Gilles Deleuze|Deleuze]] et [[Félix Guattari|Guattari]] ont peu abordé l’épistémologie en tant que telle. Ils ont cependant beaucoup écrit sur la science. Ils utilisent des propositions scientifiques (le calcul différentiel, la notion d’auto-organisation, la géométrie fractale...) pour penser l’évolution de concepts dans l’histoire de la philosophie. Ils empruntent à la science des idées avec lesquelles ils construisent des concepts nouveaux.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=1&annotation=YX9GAWV8)
> ^YX9GAWV8aMZSK74ILp1
> [!information] Page 195
> Dans Mille Plateaux, la sédimentologie est la base de la mise en place d’une vision stratifiée des relations entre multiplicités et lignes de fuite. Enfin, ils réfléchissent à la relation entre philosophie et science en tant qu’elles appartiennent à une intelligence commune mais qu’elles diffèrent radicalement l’une de l’autre.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=1&annotation=CI6YIQED)
> ^CI6YIQEDaMZSK74ILp1
> [!accord] Page 195
> Qu’est-ce que la philosophie ?, publié en 1990, est leur dernier ouvrage écrit en commun et il présente la forme la plus achevée d’un concept de la science. Vu depuis 2011, ce concept peut être, évidemment, mis en cause. Pour autant, cela ne permet pas de récuser leur approche et, au contraire, il est intéressant de constater que leurs idées conservent une pertinence dans les débats actuels au sujet du statut et de la pratique des sciences, en particulier de la géographie.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=1&annotation=UYXLFAZX)
> ^UYXLFAZXaMZSK74ILp1
> [!accord] Page 196
> Deleuze et Guattari font dériver leur idée de l’espace d’une préoccupation empirique : au lieu d’être subordonné au temps, il est valorisé en tant que producteur de différence par la distance. Ils élaborent ensuite une vision duale de l’espace, lisse ou strié, qui est vite devenue très populaire en sciences sociales mais sur le mode de la métaphore plus que du concept. Leur idée la plus riche pour la science consiste à notre avis à penser l’espace comme une production du sujet qui sert de modèle à la matière.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=2&annotation=PTY2F2XG)
> ^PTY2F2XGaMZSK74ILp2
> [!approfondir] Page 196
> Dans ce contexte, l’espace est relativement dévalorisé. Le temps a la capacité de faire surgir des différences, l’espace n’est que le réceptacle des identités déjà constituées et juxtaposées. Deleuze reprend cette idée à Bergson et en arrive à écrire que « tant que Bergson ne pose pas explicitement le problème d’une origine ontologique de l’espace, il s’agit plutôt de diviser le mixte en deux directions, dont l’une seule est pure (la durée) l’autre (l’espace) représentant l’impureté qui la dénature2. »[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=2&annotation=9KAUJDYT)
> ^9KAUJDYTaMZSK74ILp2
> [!approfondir] Page 197
> La genèse simultanée de la matière et de l’intelligence, c’est la capacité de l’esprit à percevoir le surgissement dans le divers selon les filtres conceptuels de la différence et de la répétition. La matière qui se détend dans la durée, c’est la mémoire de la répétition.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=3&annotation=QNRJMIJ6)
> ^QNRJMIJ6aMZSK74ILp3
> [!approfondir] Page 197
> L’ensemble de ce chapitre (sur la synthèse asymétrique du sensible) valorise le devenir en privilégiant la profondeur sur la surface et en dévalorisant les lois de la nature. La profondeur est presque à la base de l’étendue, comme sa genèse que le terme originel évoque fortement.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=3&annotation=H4NAWJNH)
> ^H4NAWJNHaMZSK74ILp3
> [!information] Page 197
> Le cheminement intellectuel de Deleuze est ici clair. Il souhaite construire une philosophie empirique de la constitution du sujet (d’où le titre d’Empirisme et subjectivité) et il a pour cela besoin d’un modèle pour la création des idées dans l’esprit. Il construit donc un monde, le divers, le donné, d’où peuvent surgir des événements différenciés et répétés qui ont la capacité d’obliger la pensée, par la mémoire, à se construire une logique. L’intelligence se construit donc dans le temps, elle génère un spatium qui est un modèle d’espace pur ou virtuel et l’étendue actualisée n’est guère autre chose que le lieu de stockage de ces idées. À la limite, selon une procédure assez classique d’abstraction, on peut essentialiser ce contenant jusqu’à en faire une idée englobante. L’espace peut apparaître ainsi comme un sous-produit de l’intelligence. Ce qui reste mal défini est le moyen par lequel l’esprit qui manipule les idées devient une intelligence et pas un discours fou ou erroné.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=3&annotation=8ALTI4C6)
> ^8ALTI4C6aMZSK74ILp3
> [!information] Page 198
> L’espace est pensé au travers de la distance et la distance est ce qui manifeste la différence. Cela veut dire que l’esprit repère que des objets (des idées) diffèrent parce qu’ils sont spatialement disjoints. En un sens, la disposition, l’organisation spatiale, la répartition deviennent un facteur de la production du sens. L’espace permet la génération du sens en tant qu’il est surface sur laquelle des dispositions non identiques sont repérables.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=4&annotation=ABGJSR6D)
> ^ABGJSR6DaMZSK74ILp4
> [!accord] Page 198
> Dans Logique du sens, Deleuze s’écarte assez nettement des idées de profondeur originelle et ultime, il se dégage plus radicalement que jusqu’alors d’une philosophie de l’origine et il commence à se poser la question d’une forme de matérialité positive de la spatialité : la distance. Il écrit ainsi que « la pensée a une géographie avant d’avoir une histoire6 ».[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=4&annotation=6LWSR9ST)
> ^6LWSR9STaMZSK74ILp4
> [!accord] Page 198
> Les ouvrages coécrits par Deleuze et Guattari donnent par la suite une approche différente de l’espace. Dans Mille plateaux, l’espace, bien qu’il soit construit culturellement, a le statut d’un préalable à la grille de lecture qui l’interprète. Les notions de lisse et de strié mobilisent cette ambiguïté conceptuelle.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=4&annotation=342KCRTV)
> ^342KCRTVaMZSK74ILp4
> [!information] Page 198
> Deleuze et Guattari construisent leur géologie du concept à partir de notions stratigraphiques, qu’ils empruntent peut-être à la sédimentologie, à la géographie ou à un article de René Thom7 : strates, centre, périphérie.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=4&annotation=H2ZEYBTR)
> ^H2ZEYBTRaMZSK74ILp4
> [!accord] Page 199
> On retrouve une approche analogue de la problématique centre /périphérie dans Mille plateaux : « de la couche centrale à la périphérie, puis du nouveau centre à la nouvelle périphérie, passent des ondes nomades ou des flux de déterritorialisation qui retombent sur l’ancien centre et s’élancent vers le nouveau9 ».[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=5&annotation=NR8JNINH)
> ^NR8JNINHaMZSK74ILp5
> [!accord] Page 199
> Il est très probable que Deleuze et Guattari aient eu de la géographie de leur époque une connaissance approfondie qui leur a inspiré quelques idées. Cependant, dans la suite du livre le duo territorialisation/déterritorialisation est une réelle invention conceptuelle. Ce sont les géographes et les sociologues qui se l’approprieront ensuite sous la forme (ou le déguisement) de l’inscription spatiale10. L’originalité du concept de déterritorialisation est d’être lié à celui de rhizome.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=5&annotation=DJAXSBIZ)
> ^DJAXSBIZaMZSK74ILp5
> [!accord] Page 199
> En apparence on peut les opposer : le rhizome fonctionne comme une inscription multilocalisée sur un substrat et la déterritorialisation fait plutôt appel à un désengagement du substrat. Avec un peu de recul, les deux concepts sont voisins. Rhizome s’oppose, assez frontalement d’ailleurs, à enracinement. Déterritorialisation aussi. Dans les deux cas ce sont les idées d’identité spatiales qui sont rendues impossibles. Le rhizome est multi-topique, la déterritorialisation est topofuge. Cependant toute déterritorialisation implique une reterritorialisation ultérieure. Cela fonctionne donc par saut de puce, avec un envol topofuge et un atterrissage topopète : les impacts successifs sont une multiplicité de lieux qui font rhizome.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=5&annotation=GBPHJ7CN)
> ^GBPHJ7CNaMZSK74ILp5
> [!information] Page 199
> Mille plateaux propose aussi une distinction entre espaces lisses et espaces striés. Ce nouveau duo a eu, lui aussi un succès fantastique dans différents domaines, particulièrement dans la géographie des genres et de la sexualité.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=5&annotation=FW3X967Y)
> ^FW3X967YaMZSK74ILp5
> [!information] Page 200
> « Le lisse et le strié se distinguent en premier lieu par le rapport inverse du point et de la ligne (la ligne entre deux points dans le cas du strié, le point entre deux lignes dans le lisse). En second lieu par la nature de la ligne (lisse directionnelle, intervalles ouverts ; striée-dimensionnelle, intervalles fermés). Il y a enfin une troisième différence concernant la surface ou l’espace. Dans l’espace strié on ferme une surface, et on la répartit suivant des intervalles déterminés, d’après des coupures assignées ; dans le lisse on se distribue sur un espace ouvert, d’après des fréquences et le long des parcours (logos et nomos)12. »[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=6&annotation=KMQXS5Q2)
> ^KMQXS5Q2aMZSK74ILp6
> [!information] Page 200
> La troisième distinction ne porte pas sur une caractéristique de l’espace mais de l’usage que la société en fait. Or, pour les géographes, il n’existe pas d’espaces lisses, tout espace ayant déjà été strié par l’anthropisation actuelle du climat. La notion même d’espace lisse relève donc de l’archaïsme.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=6&annotation=SASY3VX5)
> ^SASY3VX5aMZSK74ILp6
> [!accord] Page 200
> Si Deleuze et Guattari tiennent à maintenir une opposition entre strié et lisse, c’est probablement parce qu’elle répond à des questions qui sont plus fondamentales à leurs yeux que la simple notion d’espace.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=6&annotation=9ZSS7BTW)
> ^9ZSS7BTWaMZSK74ILp6
> [!information] Page 201
> De façon beaucoup plus limitée, l’espace strié est un peu semblable à l’étendue de Différence et répétition, dans laquelle l’actualisation des idées les immobilise. Il est assimilé à l’aliénation que l’on trouvait dans les concepts de la nature : « le travail effectue une opération généralisée de striage de l’espace-temps, un assujettissement de l’action libre, une annulation des espaces lisses13 ».[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=7&annotation=VCMNJMYW)
> ^VCMNJMYWaMZSK74ILp7
> [!information] Page 202
> Ensuite l’empirisme ne se préoccupe pas de l’origine de l’esprit, il s’intéresse à la constitution du sujet : « l’esprit n’est pas sujet, il est assujetti ». Ces formules un peu lapidaires signifient simplement que le divers, frappe par l’intermédiaire des sens l’intellect. Il en résulte des idées que l’esprit doit organiser. Dans cette opération, l’esprit prend « conscience » de lui-même et se définit comme sujet, assujetti aux idées qu’il reçoit mais capable de les synthétiser en même temps. Il est alors logique de dire que la « matière est nécessairement produite » conformément au rapport entre « perçu » et « signes naturels ». La matière c’est le donné, elle est dans l’esprit et finalement c’est l’idée. Deleuze et Guattari écrivent même que « c’est le ressemblant qui est lui-même modèle, qui impose à la matière d’être ce à quoi il ressemble ». L’idée impose à la matière sa forme et l’espace est ce qui rend ce jeu possible[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=8&annotation=I7JXYS5Q)
> ^I7JXYS5QaMZSK74ILp8
> [!accord] Page 202
> Pour comprendre comment ce jeu fonctionne, la lecture du Pli doit être complétée par l’ouvrage que Deleuze a consacré à la peinture de Bacon. Logique de la sensation insiste sur l’effet que l’Art (ou la maladie) a sur les affects de l’individu et reprend le problème de la constitution du sujet par l’empirisme.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=8&annotation=D7ZCTPE5)
> ^D7ZCTPE5aMZSK74ILp8
> [!accord] Page 202
> Il faut alors que Deleuze construise une nouvelle idée de l’être humain individuel : il ne doit pas être un sujet, il doit conserver son statut clivé de schizo, sa capacité intellectuelle à créer des concepts et il doit aussi avoir une forme de conscience réfléchissant ce qu’il ressent. Tout l’enjeu est de passer, au long de toute une vie, d’une logique du sens à une logique de la sensation sans réinvestir la catégorie du sujet et sans perdre en rationalité. Cela revient à dire qu’il y a un mécanisme immanent qui lie la sensation, le sens et les affects au point qu’ils forment un continuum.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=8&annotation=D5E5YP56)
> ^D5E5YP56aMZSK74ILp8
> [!accord] Page 203
> Deleuze pense donc l’espace comme le médium continu qui permet à la sensation de passer dans le corps. Fondamentalement le pli est la dynamique qui informe l’espace et le fait agir sur les corps, donc sur la capacité à penser. On comprend alors comment le ressemblant, issu d’une sensation, « impose à la matière d’être ce à quoi il ressemble », c’est-à-dire à ce qui a causé la sensation.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=9&annotation=9BGKXQQB)
> ^9BGKXQQBaMZSK74ILp9
> [!approfondir] Page 203
> Pour un géographe, il y a dans ces passages quelque chose de génial qui résout tous les problèmes habituels concernant les relations entre les idées et le monde, la correspondance entre la raison humaine et l’ordre du monde... bref, le fondement de la science.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=9&annotation=HMFV45QV)
> ^HMFV45QVaMZSK74ILp9
> [!information] Page 203
> En tant que géographes, nous cherchons à construire un concept d’espace qui ne soit pas déterministe à coup sûr mais qui puisse l’être ponctuellement, un espace produit par les sociétés mais un espace producteur de possibilité d’aménagements. Nous le voulons conceptuellement relationnel, physiquement déformable et inscriptible et en plus médium et produit du social.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=9&annotation=H6PYVE7W)
> ^H6PYVE7WaMZSK74ILp9
> [!accord] Page 203
> L’espace doit être conçu comme relationnel et non pas comme substance pour éviter qu’il ne prenne la figure d’un simple contenant. L’espace doit cependant avoir la capacité à être modifié par les actions des hommes et de retenir ces modifications en héritage : à défaut on ne comprendrait pas, par exemple, comment les hommes changent le climat et installent des effets retards en termes de température (réponses différées et déplacées). Enfin l’espace, en tant qu’il est produit culturel (social et historique, avec les ségrégations sociospatiales qui le traversent) est produit du social mais dans la mesure où ces mêmes ségrégations impactent les cultures il est aussi médium, voire acteur du social. Comment penser tout cela à la fois ?[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=9&annotation=4AR67BCX)
> ^4AR67BCXaMZSK74ILp9
> [!accord] Page 203
> Deleuze et Guattari définissent cet espace par l’intermédiaire d’un « empirisme transcendantal » qui permet de sauver le spatial sans le réifier dans une altérité matérielle, sans l’essentialiser dans une théorie et sans l’éliminer de la raison dans un a priori. En effet (un peu comme à la philosophie, la science et l’art sont associées des expériences non philosophiques, non scientifiques et non artistiques), à cet espace comme « ensemble de rapports différentiels dans le sujet » qui fonctionne comme le modèle pour la matière (l’espace physique extérieur) est associé un non-espace qui est le chaos profond (celui où la philosophie fait passer un plan et où la science n’en fait pas passer). C’est bien là qu’on voit l’espace inscriptible dont la science a besoin pour, comme la philosophie, penser l’événement.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=9&annotation=AGG6ZPVE)
> ^AGG6ZPVEaMZSK74ILp9
> [!accord] Page 204
> Un scientifique ne travaille jamais qu’à partir de données qui le transforment de l’intérieur pendant qu’il les pense (assujettissement par sensation et changement de forme) et ne lui permettent de comprendre la réalité qu’en tant qu’elle ressemble à la façon dont il les a comprises. Le premier et principal événement scientifique est la constitution progressive du sujet scientifique par différenciations et distance, donc par spatialisation. S’il est permis à un scientifique de revendiquer la présence du concept dans la science, alors je fais mienne cette phrase du Pli : « c’est la rupture avec la conception classique du concept comme être de raison : le concept n’est plus l’essence ou la possibilité logique de son objet, mais la réalité métaphysique du sujet correspondant19 ».[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=10&annotation=VVE2SS8M)
> ^VVE2SS8MaMZSK74ILp10
> [!information] Page 204
> Deleuze et Guattari sont incontestablement des penseurs qui ont profondément influencé la géographie, à mon avis au moins à deux niveaux. Le premier d’entre eux correspond à la notion double d’espace lisse/strié et a une dimension très descriptive. Le second est plus théorique, et correspond à un concept d’espace en tant qu’il permet au sens, aux signes et aux significations d’interagir.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=10&annotation=NXDTM2KX)
> ^NXDTM2KXaMZSK74ILp10
> [!accord] Page 204
> Le couple lisse/strié n’est probablement pas l’invention la plus fertile pour les développements actuels de la géographie car il fonctionne encore un peu sur la base d’un dualisme simpliste et historiquement révolu. Le concept d’espacepli est beaucoup plus intéressant.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=10&annotation=GG7AF5DZ)
> ^GG7AF5DZaMZSK74ILp10
> [!accord] Page 204
> Il ne fait aucun cas des éventuelles caractéristiques physiques, morphologiques, historiques de l’espace ; il se situe à l’amont, dans un pur processus de production de modèles rationnels qui sont le fondement ontologique de la pensée. C’est un espace de la complexité construit avec une forme de respect empirique pour le divers et transformé par des séries d’événements qui à l’heure actuelle constitue, avec la pensée des « sphères » de Peter Sloterdijk, l’apport philosophique le plus fécond à un renouvellement de la pensée spatiale et spatialisée et des disciplines scientifiques qui s’y consacrent.[](zotero://open-pdf/library/items/MZSK74IL?page=10&annotation=DPENPX7Z)
> ^DPENPX7ZaMZSK74ILp10