Auteur : [[ Candice Delmas]] Zotero : [Local library](zotero://select/items/1_TVSDBJRY) URL : [https://aoc.media/analyse/2022/09/29/de-la-non-violence/](https://aoc.media/analyse/2022/09/29/de-la-non-violence/) Connexion : --- # Annotations (14/10/2022 à 23:33:50) > [!information] > « La Journée internationale de la non-violence ce dimanche 2 octobre offre l’occasion de s’interroger sur une question globalement sous-étudiée en France, au contraire de l’Inde, des États-Unis et de l’Afrique du Sud. » > [!approfondir] > « S’inspirant plus encore de la conception de la résistance civile qu’avait élaboré l’américain [[Henry David Thoreau]], Gandhi voulait démontrer par la pratique que le pouvoir de l’État, aussi violent et répressif soit-il, repose toujours, en dernière instance, sur la coopération des sujets qui sont libres de la retirer (une leçon qu’Étienne de la Boétie étayait déjà dans son Discours de la servitude volontaire). » ^6387d4 > [!information] > « Gandhi inspira à son tour Martin Luther King, figure tutélaire du mouvement des droits civiques afro-américain, et Nelson Mandela, l’activiste anti-apartheid et futur président de l’Afrique du Sud. » > [!information] > « Gandhi, King et Mandela font partie de ce qu’on peut appeler, avec [[Sylvie Laurent]], le « panthéon des saints laïcs ». » ^32c396 > [!accord] > « La pensée politique philosophique de Gandhi, King et Mandela et l’histoire des mouvements qu’ils menèrent sont cependant relativement mal connues en France – et mal servies par la mythologie qui les entoure. » > [!information] > « King, à la fin de sa vie, faisait partie des personnalités les plus détestées du moment (63% des américains avaient une opinion négative de lui, du fait de son opposition à la guerre au Vietnam et de son tournant socialiste). » > [!information] > « Le grand public ne sait pas forcément non plus que Mandela défendit le tournant du Congrès national africain (ANC) vers la lutte armée. » > [!information] > « son propre champ disciplinaire consacré à l’université – les « non-violence & peace studies » » > > 3:54 lilouladistance: Cassandre en avait parlé quand il avait parlé de sa thèse. Notre résistance aux "peace studies" vient pas mal de notre obsession de ne pas mélanger les champs de recherche (sociologie, géo-politique, sciences politiques). >>3:57 lilouladistance: Et que ya plusieurs moyen d'approche des "peace studies" qui se différencient souvent par leur définition de la violence : est-ce uniquement une douleur physique infligée ou la misère sociale peut-elle faire partie des violences ? (il me semble que c'est un conflit libéraux / marxistes)) > [!approfondir] > « La situation est pourtant en train de changer : des gilets jaunes aux militants écologistes d’Extinction Rébellion (XR), les militants français s’intéressent désormais à la non-violence. » > [!accord] > « mais tentent de bénéficier aussi du socle de légitimation qu’offre cette tradition. » > [!information] > « Leur argument principal, qui repose sur la base d’une étude statistique portant sur 323 campagnes de résistance civile qui eurent lieu entre 1900 à 2006 et dont les trois-quarts visaient à renverser une dictature, est que les mouvements non-violents ont deux fois plus de chance de réussite que leurs homologues violents. » > [!accord] > « La résistance civile non-violente est efficace, selon Chenoweth et Stephan, car elle facilite la participation en masse de la population et décroît le risque de répression violente du gouvernement, d’une part en augmentant les chances de défection des forces de l’ordre et d’autre part en facilitant l’opposition générale à la répression (et ce, même parmi les adversaires du mouvement). » > > 4:01 lilouladistance: Les mouvements non-violents c'est le sentiment de masse, voire l'hégémonie. Mais c'est sous-estimer l'importance pratique et tactique des actions violentes qui nuisent à l'Etat, focalisent l'attention, et par conséquent permettent la mobilisation de masse. > [!information] > « Le codage qui sous-tend l’étude de Chenoweth et Stephan soulève en effet des questions : les auteur.es classifient comme non-violents de nombreux mouvements de résistance civile tels la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud ou la première Intifada palestinienne qui impliquaient en réalité des opérations de lutte armée. » > [!approfondir] > « Un mouvement est violent, dans leur base de données, lorsqu’il repose avant tout et principalement sur l’insurrection armée » > [!approfondir] > « Elle ignore en outre le rôle de repoussoir que les groupes militants radicaux jouent souvent au bénéfice des mouvements de lutte modérés. » > [!approfondir] > « King souligne dans sa Lettre de la prison de Birmingham que sans son mouvement non-violent pour canaliser la colère et la frustration légitimes des Noirs, « les rues du Sud déborderaient de sang ». Il pouvait ainsi offrir la seule alternative à la violence. » > [!information] > « Les émeutes de Stonewall aidèrent le mouvement de lutte pour les droits LGBT » > > 4:04 lilouladistance: Stonewall c'est les émeutes qui donnent la première pride l'année d'après il me semble > [!information] > « Les émeutes de Brixton en 1981 enclenchèrent une enquête qui mit à jour les inégalités sociales et les discriminations raciales. » > [!approfondir] > « Dans certaines villes des États-Unis, comme à Baltimore et à Minneapolis, les émeutes après la mort de Noirs ont forcé les services de police à mettre en œuvre des réformes structurelles. » > [!information] > « Selon la « règle des 3,5% » de Chenoweth, nul gouvernement ne peut faire face à un mouvement de résistance civile qui bénéficie d’une participation en masse de la population (définie au seuil de 3,5%) » > [!information] > « On estime que presque la moitié (45%) de la population – un taux stupéfiant – vint gonfler les rangs du mouvement de révolte antigouvernementale de 2019 » > [!accord] > « Comment le pourrait-elle, par ailleurs ? L’action politique – surtout dans son aspiration révolutionnaire n’est pas une technè, un savoir-faire que l’on pourrait maîtriser ; c’est une praxis, un « agir-ensemble » qui vise à « commencer quelque chose de nouveau », comme le pensait Hannah Arendt. » > [!approfondir] > « Ils dissolvent le « lien organique » qui selon Gandhi unit le but visé par le mouvement et les moyens déployés pour l’atteindre, et qui est aussi « inviolable » que le lien entre l’arbre et la graine : « comme si l’on pouvait voir fleurir une rose à partir d’une mauvaise herbe... on récolte exactement ce que l’on sème », écrit-il dans Hind Swaraj (1909). » > [!information] > « Dans un ouvrage de 1935 intitulé The Power of Non-Violence, dédié à Gandhi et préfacé par King, le philosophe pacifiste américain Richard B. Gregg décrit la non-violence gandhienne comme une forme de « jiu-jitsu moral ». » > [!approfondir] > « King n’a jamais nié le droit des Noirs à recourir à la violence pour se défendre dans le cadre du système de terreur raciale qui les opprime. Mais il pense que seule la non-violence peut préserver les conditions de possibilité d’une société racialement intégrée, étant données les croyances et les peurs des Blancs. » > [!accord] > « des héros dont la gloire semblait consister à se faire tabasser pendant que la caméra filmait. Pourquoi nous montrent-ils cela ? Pourquoi nos seuls héros sont-ils non-violents ? » » > [!accord] > « L’éloge de la non-violence et la condamnation de la violence permettent de critiquer les méthodes des militants et ainsi de focaliser la conversation sur les stratégies employées par ces derniers, plutôt que sur leurs revendications. » > [!accord] > « Comme l’observe [[Judith Butler]] dans son dernier ouvrage, La force de la non-violence, les autorités utilisent leur « pouvoir de nommer » les choses pour décrire les manifestations pacifiques comme « violentes » – simplement parce qu’elles menacent la légitimité du pouvoir – et ainsi les condamner. » ^259d04 > [!information] > « (Stephan, notons-le, travaillait pour le Département de l’état américain et l’OTAN au moment de ses recherches avec Chenoweth.) » > [!accord] > « Contre cette dérive, nous devons mieux comprendre à la fois les philosophies de la non-violence et les défenses du militantisme radical. »