Auteur : [[René Dumont]] Connexion : Tags : --- # Citation > [!bibliographie]+ > - [[Relire L’utopie ou la mort]] # Note > [!accord] Page 8 La lutte contre le néo-colonialisme est la suite logique de celle que nous fûmes trop peu nombreux à mener contre les guerres « françaises », en Indochine et en Algérie, de 1946 à 1962 > [!accord] Page 9 Je comprends déjà mal que le club de Rome, émanant de dirigeants de l’économie capitaliste, mais aussi d’économistes et de savants, s’abstienne d’indiquer plus nettement les conséquences sociales et politiques qui peuvent déjà se déduire de ses prévisions > [!accord] Page 9 D’autant plus qu’une des conséquences les plus graves de ces recherches n’a pas été suffisamment soulignée. Les pays dits sous-développés, quand ils pourront enfin bâtir, sur leurs ressources, leurs industries lourdes, fer ou aluminium, auront déjà été volés de la plus grande partie de leurs meilleurs minerais, combustibles et carburants : ce qui leur interdira toute compétitivité et limitera terriblement leur capacité d’expansion > [!accord] Page 10 nous dénoncerons, avec ces gaspillages et ces privilèges , les responsabilités croissantes des pays riches, des économies dominantes. Surtout celles des riches et des puissants des pays riches, assassins qui enlèvent les protéines de la bouche des enfants pauvres > [!accord] Page 11 Suppression des armements, redistribution des revenus, impôts sur l’énergie et les matières premières, recyclage des ressources rares, pénalisation des voitures particulières et de l’urbanisation… aboutiraient à redonner à notre agriculture de nouvelles possibilités d’expansion, si elle se proposait enfin l’abondance pour tous > > [!cite] Note > Focus sur tous ça pour revaloriser l'agriculture et repartir en expansion > [!information] Page 12 Je n’ai été audacieux qu’après avoir solidement étayé mon opinion ; alors j’ai « foncé », comme pour la révolution fourragère en 1947 en France > [!accord] Page 18 Notre seule certitude est bien qu’un jour ces stocks auront une fin ; chaque fois que nous les brûlons inutilement dans nos autos, nous pourrions penser aux gosses du Tiers Monde qui manquent dramatiquement de protéines — que peut fournir ce pétrole. > [!accord] Page 18 La planète n’est pas le monopole des riches et des puissants, mais propriété commune , même si cette notion n’est pas inscrite dans le droit romain, ni dans le Code civil > [!accord] Page 18 Si tous les humains consommaient autant de pétrole que le yankee moyen, les réserves prouvées de ce liquide ne dureraient pas sept ans > > [!cite] Note > Nik les états uniens > [!approfondir] Page 20 Plus productives, ces nouvelles variétés sont aussi plus exigeantes. Les « riz miracle » ne réussissent qu’en terres parfaitement nivelées, où l’eau de submersion peut être maintenue au niveau optimum pour chaque stade de végétation > [!accord] Page 21 Pour l’Inde, où la majorité des rizières est arrosée par les seules pluies, donc trop irrégulièrement, il faut ajouter à ce nivellement un énorme travail d’irrigation, de drainage et de protection contre les inondations. Les investissements nécessaires à ce contrôle de l’eau se montent à plusieurs dizaines de milliards de dollars > > [!cite] Note > C'est bien ce que je dis, ça sert à rien de focus sur les ogm si ça amène des effets rebond. Go repartir en sélection naturel... > [!information] Page 21 L’Occident pourrait encore acquérir une bonne conscience en y consacrant vite — on y meurt de faim — 10 milliards de dollars en don . Comme c’est une fois pour toutes, cette somme apparaît dérisoire, comparée aux 240 milliards (ou plus) annuels de dollars consacrés aux armements, ou aux 20 milliards de publicité aux USA > [!information] Page 21 Plus petits, ces riz à haut rendement réclament des désherbages plus soignés ; plus gourmands, il leur faut beaucoup plus d’engrais, surtout azotés. La lutte contre les insectes et maladies exige des traitements délicats, dont certains (insecticides de la famille du DDT) sont fort dangereux pour la faune, les poissons, les oiseaux ; et leur culture réclame impérieusement des connaissances techniques affinées, de gros moyens de travail du sol, pour semer en temps voulu ; du crédit non usuraire pour les nouveaux moyens de production, surtout les engrais ; et d’énormes usines pour produire ceux-ci > [!accord] Page 21 Les inondations s’aggravent, on ne termine pas les réseaux hydrauliques du Bibar, le métayage et l’usure, la corruption généralisée ne permettent pas au petit paysan de tirer profit d’une Révolution verte « qui enrichit les riches et appauvrit les pauvres ». > [!accord] Page 23 En mai 1974, l’UNICEF souligne que la hausse des prix des engrais et la disette des céréales mettent en péril l’existence d’au moins cinq cents millions d’enfants dans 70 pays du Tiers Monde (Le Monde , 19/20 mai 1974). Ce crime de tous les jours n’est pas inscrit dans nos faits divers, malgré son ampleur et sa monstruosité. > [!information] Page 23 La FAO estime, à mon avis plus justement, qu’en 1962 cette Afrique intertropicale cultivait 42 % de ses terres réellement cultivables, et elle propose d’en cultiver 52 % en 1985. Le passage à la culture continue n’est pas sans dangers, nécessite bien des précautions. Dans le Nord du Sénégal, la réduction de la durée de jachère a diminué les fournitures d’humus à des sols trop peu pourvus d’argile, trop légers. La disparition de ce liant a facilité l’érosion éolienne, l’entraînement par le vent des éléments les plus fins, ne laissant sur place, dans le Kayor de Louga, qu’un squelette appauvri de sable grossier. > [!information] Page 24 Le Sahara progresse, vers le nord comme vers le sud, aidé par le surpâturage des pasteurs nomades, qui dégrade la végétation au point qu’elle ne peut toujours se rétablir. Avec les diverses érosions, la savanisation, la [[Désertification (Data)|désertification]], la dégradation du taux d’humus des sols… diminuent chaque jour la valeur de notre patrimoine foncier. Mais les troupeaux sont plus que décimés, et 1973 seul compte plus de cent mille morts de faim, de la Mauritanie au Tchad. Autant en Ethiopie… ^2724b1 > [!information] Page 24 Et ceci a été obtenu en labourant des terres qui n’auraient pas dû l’être, « entraînant la destruction permanente de ressources précieuses (pâturages et forêts) pour une augmentation de durée relativement courte de la production finale de l’agriculture, dans des zones qui se sont révélées pauvres pour la production végétale », nous dit le programme indicatif mondial de la FAO7 > [!information] Page 25 Au sud d’Agra, les terres qui portaient du blé sont trop dégradées, on n’y peut plus mettre que du millet : partout les ravages de l’érosion compromettent les potentialités de production. A. Guérin, cité par A. Sasson, professeur à la faculté des Sciences de Rabat (dans une note de réflexion après la conférence de Stockholm) estime que l’érosion par le vent et par l’eau a détruit, au cours des 100 dernières années, près de 2 milliards d’hectares, soit plus que les labours actuels. Cela me paraît beaucoup, mais une autre estimation me semble plus réaliste > [!accord] Page 28 L’écosystème mondial commence seulement à nous apparaître dans toute sa complexité, et nous voulons dominer la nature, au lieu de chercher à nous associer à elle, pour en tirer le plus possible certes, mais aussi en la respectant assez pour qu’elle serve encore les générations futures. Ce ne sera pas si commode qu’on le pensait jusqu’ici > [!information] Page 31 Or chaque fois qu’on remplace, dans la ration alimentaire, une calorie d’origine végétale par une autre d’origine animale — côtelette de porc au lieu de pommes de terre — il faut en moyenne 7 calories végétales pour produire 1 calorie animale > [!information] Page 31 Les sols dépourvus d’humus, puisqu’on n’y met plus de fumier, retiennent moins bien ces fertilisants artificiels qui, s’ils sont appliqués en quantités massives, comme aux Pays-Bas, passent donc en proportion croissante dans les nappes phréatiques : qu’elles polluent une seconde fois > [!approfondir] Page 32 Les tenants de l’agriculture biologique qui nous demandent parfois d’y renoncer, ne disent pas ce qu’ils feront du quart de l’humanité qu’il serait alors impossible de nourrir, même aussi mal qu’aujourd’hui > [!information] Page 33 Les Potasses d’Alsace, société nationale, rejettent à elles seules dans le Rhin chaque année 41 % des sels qui y sont déversés, soit 7 millions de tonnes de sel impur, qu’il serait possible d’extraire et de purifier. Ce qui ne menacerait plus les terres et les eaux de Hollande, permettrait d’installer une puissante industrie chimique ; ou d’alimenter les usines de Tavaux, près de Dole ; et de Dombasle, près de Nancy ; et nous dispenserait en partie du travail des marais salants. On ne le fait pas, car ce ne serait pas très rentable : la loi du profit ne prenait pas en compte , jusqu’à ces toutes dernières années, la sauvegarde de la planète > [!accord] Page 33 Les industriels trouvaient jusqu’ici généralement plus économique de rejeter leurs déchets dans les rivières, sinon dans la mer, que de les purifier. Ils y étaient en quelque sorte contraints par notre économie de profit — qui refusait de prendre en compte ce genre de coûts sociaux — s’ils voulaient rester concurrentiels > [!information] Page 35 Le plomb va manquer, et cependant on le déverse dans l’atmosphère, pour accroître le rendement de nos voitures particulières, responsables d’un bon quart de la pollution de l’air. Il y en aurait déjà 300 000 tonnes en suspension en Europe, du fait des autos. L’anhydride sulfureux altère la fonction pulmonaire ; les particules de poussière et de pluie peuvent provoquer des calcifications pleurales ; l’oxyde de carbone prive les tissus d’oxygène, en se combinant à l’hémoglobine > [!approfondir] Page 37 Cette dégradation du patrimoine commun de l’humanité constitue une véritable spoliation , par les entreprises ou les particuliers, de la richesse collective. Spoliation qui peut parfois dépasser la plus-value prélevée sur l’ouvrier, ou même sur le consommateur : notion qu’il est urgent de réviser, amis marxistes ; même si l’on est alors accusé de révisionnisme > [!accord] Page 38 Le génocide et le biocide qui se prolongent au Vietnam sont des réalités très concrètes, auxquelles s’appliquent les attendus du tribunal de Nuremberg. Il est dommage que seuls répondent de leurs crimes les responsables qui, comme les nazis, ont subi une défaite totale. Nixon n’est pas tombé pour çà ! > [!information] Page 42 Rappelons que les États-Unis, avec moins de 6 % de la population mondiale, gaspillaient (mot dans l’ensemble plus exact que utilisaient) ces dernières années 42 % de la consommation mondiale d’aluminium, 33 % du cuivre et du pétrole, 28 % du fer, 26 % du zinc et de l’argent, 25 % du plomb, 24 % de l’étain, etc. ; plus la bonne moitié du gaz naturel > [!accord] Page 42 Le monde riche, avec 29 % de la population de la planète, utilise et surtout gaspille plus des quatre cinquièmes des ressources mondiales. Il n’acceptera pas aisément un recul de ce qu’il nomme curieusement son « niveau de vie » — dans le calcul duquel rentre la production d’armements ! > [!désaccord] Page 43 En France, en Europe, quand on sera enfin capable de comprendre la gravité de la situation — plus vite on y arrivera, et plus aisée sera la nécessaire reconversion — on commencera par supprimer tous les avantages (fiscalité, logements et allocations familiales) au-delà du deuxième enfant, après que l’on aurait réduit les inégalités des revenus. Les ouvriers à famille modeste de Montargis me disent qu’ils en ont assez de payer pour leurs voisins paresseux, qui vivent de leurs enfants > > [!cite] Note > Sujet tellement complexe, je trouve l'idée pas inintéressante, mais peut amener à des problème, car souvent les enfants viennent aussi avec la manière dont l'éducation a été faite, les conditions sociale etc. Bref, ce genre de moove va taper encore les plus pauvres > [!accord] Page 46 Pour éviter de disparaître, il faudra modifier tout le mode de vie, tous les concepts de base de notre civilisation ; et d’abord son système d’appropriation et de gestion de la production. Mais pour qui est-ce le plus urgent, où, comment ? Le club de Rome et les écologistes anglais semblent s’être efforcés de traiter ces problèmes aussi vastes que complexes d’une façon un peu apolitique : comme si c’était possible > [!accord] Page 46 En réalité, c’est là une dangereuse illusion : toute tentative d’apolitisme cache, sur le point visé, une position satisfaite des structures économiques actuelles, donc finalement conservatrice > [!accord] Page 47 La confrontation de points de vue divers et même divergents devient indispensable pour y voir plus clair. Nous soulignerons d’abord les erreurs qui nous paraissent les plus dangereuses, et qui de ce fait devraient être corrigées le plus rapidement. Nous montrerons que c’est possible, si l’on sort des structures économiques actuelles . Le réformisme peut être utile comme premier pas, pour hâter la prise de conscience ; mais il ne suffira pas > [!accord] Page 48 Ainsi la machine économique risque de s’emballer en faveur des plus riches, de se consacrer de plus en plus aux activités somptuaires : ce qui limite son champ d’action, tout en accroissant le chômage. Ceci surtout dans les pays dominés, et spécialement en Amérique du Sud. Un tel système ne reconnaît nullement le droit au travail et à une vie décente pour tous , plus important et plus urgent qu’un droit de vote, si facile à trafiquer > [!accord] Page 49 Cette relative généralisation des privilèges (mot plus exact que « démocratisation »), que symbolise l’ouvrier nord-américain\*1 de Detroit par exemple, avec sa grosse « bagnole » (ou ce gosse qui a déjà acheté plus de deux cents autos-jouets à l’âge de 8 ans) n’en constitue nullement une justification > [!information] Page 51 « La production industrielle des nourritures pour chiens a représenté, par tête de chien américain en 1967, environ le revenu moyen indien » > [!information] Page 52 En tout ces bêtes consomment 2 millions de tonnes de nourriture, de quoi nourrir correctement — car ils contiennent beaucoup de protéines, surtout les aliments pour chats — au moins 12 millions d’enfants asiatiques. > [!accord] Page 52 Je comprends l’agrément d’un animal domestique, mais doivent-ils passer avant les enfants ? Si le monde était moins peuplé, si tous les enfants étaient bien nourris, j’aurais moins de regrets à les voir ainsi mieux soignés que les enfants du Vietnam > [!information] Page 53 Aux États-Unis, on compte en 1970 une voiture pour deux personnes, soit deux fois plus par habitant qu’en Europe occidentale > [!accord] Page 54 Regardez ce qu’exige en surface, béton, bâtiments… une voiture américaine : garage à la maison et son accès, places de parking au bureau, au supermarché, devant les bâtiments administratifs… Comptez la surface par unité-voiture des rues, des routes, des autoroutes ; ajoutez-y les ponts, les savants ouvrages de croisements, parfois à plusieurs étages ; les usines de fabrication, les ateliers d’entretien et de réparation ; les stations services de ravitaillement… et j’en oublie > [!accord] Page 55 Les moyens de transport réalisent la moitié de la pollution de l’air des villes, et parmi eux, les seules voitures particulières sont responsables de la bonne moitié. L’acier, les autres matériaux, les ingénieurs, techniciens et ouvriers qui les ont construites, toutes les ressources rares et toute cette activité compétente, s’ils étaient autrement dirigés, auraient déjà pu équiper partout une industrie suffisante pour couvrir l’ensemble des besoins essentiels des pays dits en voie de développement > [!accord] Page 55 Chaque auto que vous achetez, en général bien avant d’avoir usé la précédente (et on aurait pu la construire beaucoup plus durable) représente autant d’acier de moins pour les charrues des paysans tropicaux, pourtant si nécessaires pour soulager leur peine et accroître leur productivité, en remplaçant leurs araires et leurs houes. > [!approfondir] Page 55 Pendant chaque voyage plus ou moins inutile (il faut que j’aille à ma résidence secondaire, pour tondre la pelouse, soigner le chat), qu’il aurait du reste été possible d’effectuer par un moyen de transport en commun, vous pourriez réfléchir au fait que vous contribuez à rendre cette planète irrespirable ; que vous accroissez la misère du Tiers Monde ; que vous gâchez de précieux litres d’or noir, qui manqueront à vos descendants ; etc > [!accord] Page 56 On me donne au comptoir du bistro un morceau de sucre enveloppé de papier, qui ne pèse parfois que 5 grammes. Ce qui fait 200 emballages par kilog, et 20 000 par quintal ! Plus les machines à emballer, et le temps perdu à déballer. Hygiène accrue ? Je n’y crois pas, avec les poussières que de toute façon nous respirons. > [!approfondir] Page 56 J’ai longtemps acheté des comprimés d’un médicament sans aucun goût, un sel minéral, avalé sans la moindre amertume. Je ne trouve plus que des cachets de même marque, eux-mêmes enveloppés trois fois, bien plus chers évidemment, et qu’il me faut déballer. La Sécurité sociale a surtout fait la fortune de l’industrie pharmaceutique. > [!approfondir] Page 58 Cette publicité a un rôle d’information qui pourrait rendre de grands services, si elle était contrôlée par les organisations de consommateurs : mais nous n’avons pas de Ralph Nader européen. Elle est actuellement au service des producteurs, donc de la croissance sans frein, et ne me paraît pas très optimiste sur la nature humaine > [!accord] Page 59 La publicité réussit à faire croître les aspirations bien plus vite que la production, et nous rend à peu près tous insatisfaits, donc aliénés, quel que soit notre niveau de vie. Comment arriverons-nous ainsi au stade du communisme, avec prise au tas, censé satisfaire aisément tous nos « besoins », si ceux-ci ne connaissent plus de limites ? > [!accord] Page 61 Si l’on a réduit depuis 1840 de 14 heures à 8 heures la durée journalière de travail en usine, une partie de ce gain a été repris par le temps plus important passé dans les transports en commun, qui dépasse souvent 2 et parfois 3 heures par jour. Debout dans le métro et le train de banlieue, aux heures de pointe, j’ai vu des ouvrières japonaises, visiblement surmenées au dernier degré, victimes de la religion du taux de croissance. Et l’on nous dit que la majorité des Japonais refuse encore les vacances14 > [!information] Page 61 Pour les Pays-Bas, on l’a dit, c’était pour le début du siècle prochain, avec 28 % de la surface en autoroutes. Mais ce pays vient d’en réaliser enfin toute l’absurdité : début 1974, il arrête toute nouvelle construction d’autoroutes > [!accord] Page 63 Les routes et autoroutes pour autos, l’ensemble des moyens de communication sont également fort dispendieux. Comme on n’a jamais pu réussir à établir des grandes villes logiquement disposées, où l’on pourrait atteindre son lieu de travail à pied ou en vélo, les carburants gaspillés en transports et embouteillages constituent aussi les sources les plus importantes de pollution > [!information] Page 63 Tout ceci paraît stupide, mais s’explique fort bien par les bénéfices extravagants des sociétés immobilières , dont seuls certains aspects plus voyants sont qualifiés de scandales. Acheter un terrain agricole, y obtenir une dérogation pour construire, grâce à ses relations, est moins pénible que de faire « suer le burnous » à des prolétaires immigrés. Voilà d’où vient une part essentielle de la plus-value moderne , qui ne se limite pas à la production… > [!accord] Page 64 Les armements, l’auto privée et la ville géante , voilà les principaux ennemis de cette fin du siècle, les sources premières de gaspillage des privilégiés, qui aggravent terriblement les effets délétères de l’explosion démographique et d’une croissance industrielle incontrôlée > > [!cite] Note > Wsh le salop il commence à le convaincre pour la démographie > [!accord] Page 64 La France a besoin, pour améliorer sa balance des comptes, de vendre des armes à l’étranger, à ses clients. Elle démarche donc auprès de l’Afrique du Sud, où elle renforce la puissance de l’apartheid, au mépris du simple respect de la dignité des Africains. Elle en vend de plus en plus aux pays non développés, sans pourtant ignorer que de ce fait elle compromet leur développement : car elle veut se ravitailler en pétroles, minerais, aliments parfois de luxe…, permettant le gaspillage de ses privilégiés > > [!cite] Note > Toujours d'actualité avec le Yémen et la Russie > [!accord] Page 65 L’économie capitaliste s’est certes montrée capable de certaines adaptations. Elle accepte l’intervention de l’État, si réprouvée en principe aux États-Unis jusqu’en 1930, date où sa quasi-absence a facilité l’approfondissement de la grande Crise. Elle la sollicite même désormais, cette intervention, chaque fois qu’elle y trouve son avantage, sous forme de subventions, de crédits des banques nationales, de droits « protecteurs », etc > > [!cite] Note > Néo libéralisme si je dit pas de bêtise, on a pu le voir durant le covid ou les subvention ont défilé et au même moment des suppression de postes > [!accord] Page 65 Quant aux jeunes qui ont le mieux réalisé, par une analyse très fine, l’extrême gravité de la situation, une jeune amie me dit qu’ils se réfugient trop souvent dans la jouissance immédiate : « après nous le déluge », cette conception ne s’est point arrêtée au XVIII e siècle, elle vient trop facilement à l’esprit de tant d’irresponsables, de démissionnaires > [!accord] Page 66 La classe ouvrière des pays riches possède un caractère ambigu , qu’elle n’accepte pas volontiers de reconnaître. Elle se dit volontiers exploitée, ce qui est vrai ; elle refuse d’admettre qu’elle peut être aussi exploiteuse, sous certaines formes, des pays dominés > [!accord] Page 66 La seule possession d’une automobile, on l’a vu en France le 1er juin 1968, présente un caractère d’embourgeoisement incontestable : le week-end est devenu trop sacré pour le sacrifier à une manifestation, même si celle-ci pouvait devenir révolutionnaire. La diffusion de l’auto privée prépare une génération d’égoïstes, de plus en plus éloignée de cet « homme nouveau », que le « Che » appelait de tous ses vœux > > [!cite] Note > Ça fais mal mais c'est ultra précis... > [!accord] Page 66 Et pourtant la société de demain en aura bien besoin. « La restriction de la consommation populaire ne se justifie en rien », dit l’Humanité du 4 octobre 1972. Il faut certes restreindre d’abord celle des riches . Mais à l’échelle planétaire, tout possesseur d’auto privée de loisir est un riche abusif, un exploiteur > > [!cite] Note > Processeur de voiture de loisir. C'est un critère plus qu'important à garder en tête > [!approfondir] Page 67 Nous sommes peut-être, à l’échelle planétaire, avec les Palestiniens des Jeux olympiques de Munich, aux environs de 1780. Comme le tiers-état, le Tiers Monde n’a plus grand espoir dans la simple prolongation du système économique et politique actuel, qui risque fort de condamner la majorité de sa population à la misère perpétuelle , en étendant ses tentacules dominateurs > [!approfondir] Page 68 Les faits sont têtus, disait [[Antonio Gramsci|Gramsci]] ; et le voici obligé de réduire la consommation de nos riches. Ce qu’il a omis de leur dire, au temps où ces derniers soutenaient sa campagne ^e4d4c5 > [!information] Page 70 [[Samir Amin]] nous montre comment l’accumulation à l’échelle mondiale a pu se faire au « centre » du système capitaliste mondial, en pays développés ; mais non à la périphérie, en pays dominés ^f9bbe6 > [!accord] Page 71 Il estime que le surchômage urbain résulterait d’abord « d’un afflux massif d’actifs rejetés par le milieu rural ». Il se trouve donc lié à l’insuffisance d’emploi à la campagne ; celui-ci aboutit à une faiblesse de la production agricole ; laquelle freine à son tour tout le processus de développement général, notamment par suite d’importations alimentaires accrues… Et pourtant les pauvres ont faim, au Bangladesh ; le renchérissement du pétrole et des grains limite terriblement leurs possibilités d’approvisionnement et d’irrigation > [!information] Page 72 Quand la famine régnait dans l’Empire des Indes, de 1896 à 1900, les bateaux anglais chargeaient imperturbablement à Karachi, à destination de l’Angleterre, le blé que ne pouvaient évidemment acheter les affamés . De même pour une part notable du riz d’Indochine qui, de 1930 à 1939 surtout, gavait nos animaux, quand les gens du pays en étaient si souvent privés ; les Tonkinois en étaient réduits aux patates douces > [!information] Page 73 Le coût d’aménagements analogues, modeste à l’échelle asiatique, est assuré en Chine pour l’essentiel par les investissements humains. Les paysans y fournissent souvent de 50 à 100 jours chacun de travail d’investissements non rémunérés par an ; à Tatchaï, 112 jours et plus > > [!cite] Note > Le fameux travail gratuit du capitalisme > [!accord] Page 73 L’abandon des jachères accroît les effets de la sécheresse, qui prend en 1972-1974 les proportions d’une effroyable catastrophe. Les nomades Touaregs perdent, avec leurs troupeaux, le sens même de leur vie, les bases de leur culture > [!accord] Page 74 Selon les perspectives dégagées par le club de Rome, la majorité de la population des pays dominés risquerait fort, dans les structures économiques actuelles, de se trouver condamnée à la misère perpétuelle . La dégradation des termes de l’échange, la poursuite des échanges inégaux, les difficultés croissantes d’accumulation du capital, le maintien de la domination économique des grandes firmes, de la domination politique néocoloniale des pays riches, le conduit dans toute une série d’impasses > > [!cite] Note > On délibérément valider la mise en pauvreté de ces pays en abandonnant la lutte contre l'impérialisme et le néo colonialisme > [!accord] Page 75 Hassan Il m’expliquait en 1967 que sa politique agraire visait à ne pas faire de vagues, à ne mécontenter personne. Je lui répondis alors que la plus mauvaise des politiques agraires me paraissait préférable à l’absence de politique, à condition d’en savoir à mesure rectifier les erreurs, car au moins on avance : la stagnation, le statu quo sont finalement des régressions, donc les pires des solutions. > > [!cite] Note > Statut quo reste une politique conservatrice > [!accord] Page 78 Des révoltes justifiées peuvent fort bien conduire à des guerres internationales qui les déborderont, même par simple extension des conflits actuels, dont le Vietnam et la Palestine restent les points les plus chauds. Ces guerres pourraient vite dégénérer en suicides atomiques, surtout le jour où la possession des bombes se généralisera > > [!cite] Note > Palestine toujours point chaud et non résolue > [!accord] Page 78 Nous allons étudier certaines possibilités d’une série d’utopies plus ou moins réalisables . Elles seront surtout regardées comme utopiques par les pays riches, et les riches des pays pauvres, qui n’admettront pas de renoncer de bon gré à leurs privilèges > [!accord] Page 79 Il s’agit en effet de sortir totalement , même si c’est par étapes successives, d’une économie de profit qui désormais nous mène tous à notre perte > > [!cite] Note > Première ligne obligatoire de l'écologie politique > [!accord] Page 79 Mais nous ne parlerons pas des techniques de révolte, de l’organisation des guérillas, des partis dits d’avant-garde (ni de ceux qui passent parfois à l’arrière). Il ne s’agit pas d’écrire un manuel de « la » Révolution — car celle d’ici n’aura pas grand-chose de commun avec celle de là-bas, où les conditions de départ sont si distinctes. Nous chercherons comment on pourrait adapter l’économie aux différentes étapes des transformations qui nous paraissent s’imposer. Classer un peu nos idées n’aboutira surtout pas à tracer un schéma d’évolution universellement valable. En somme nous allons essayer d’étudier, une fois de plus, quelques-unes des transitions possibles vers diverses formes de socialismes > [!information] Page 81 Celles-ci leur fourniraient du crédit supervisé, lié aux améliorations les plus économiques, utilisant toutes les « forces productives cachées » du pays. Un meilleur travail du sol, un calendrier des opérations culturales plus rationnel et de larges fumures organiques précéderaient judicieusement l’emploi des engrais et des pesticides, dont beaucoup (pyréthre, roténone, nicotine…) peuvent être produits sur place et ne sont pas nocifs ; même s’ils sont coûteux, c’est surtout en travail > > [!cite] Note > Faudrai que je check les engrais cités > [!accord] Page 82 À ce moment toutes les forêts tropicales, souvent « écrémées » de leurs essences les plus précieuses, seraient à mesure replantées artificiellement, assurant par là la protection des sols et des climats. Si le bois produit, bien imprégné, ne pourrit pas, le carbone ainsi accumulé représente autant de gaz carbonique en moins dans l’atmosphère ; et le bois remplacerait les métaux défaillants et le plastique indésirable ; le moteur à gaz pauvre pourrait utiliser aussi cette matière première ; et l’on prendrait soin de ne plus gaspiller de papier, ô bureaucrates > [!accord] Page 87 Un impôt analogue pourrait être prélevé sur les métaux, qui serait plus élevé sur ceux qui risquent de manquer bientôt. Ce qui inciterait à ne plus tant gaspiller toutes les ressources rares de notre planète, et procurerait des ressources bien plus importantes aux pays en voie de développement. Ressources dont le volume devrait leur permettre, surtout après l’annulation des dettes, de recevoir une masse d’équipements telle qu’ils auraient enfin la possibilité de croître plus vite que les pays développés — où nous proposerions du reste bientôt la croissance zéro de la consommation globale . > [!accord] Page 88 La section économique de notre schéma pourrait être chargée d’un rôle analogue à celui des ministères du blocus et du ravitaillement en temps de guerre. Notre planète est soumise, de la part de l’univers, à un blocus de fait , que nous commençons enfin à réaliser et qui nous imposera un jour une allocation centralisée des ressources rares. Celle-ci tiendrait compte des besoins justifiés qui seraient exprimés par chaque groupe national, au prorata de leur population actuelle, sans que sa croissance donne de nouveaux droits ; et non plus reliés aux seules capacités d’acquisition. Dans cette conception, les États-Unis recevraient peut-être 6 % des disponibilités des principales matières premières ; sinon moins, pour tenir compte du fait que leur équipement est déjà plus avancé, leurs ressources locales abondantes > [!accord] Page 89 Il y aura des contradictions entre ces deux impératifs, aussi indispensables l’un que l’autre : une série de décisions à l’échelle planétaire, d’une part ; et la nécessité de décentralisation de la majorité des décisions, d’autre part : « planification fortement centralisée et production largement décentralisée » précise Mansholt > [!accord] Page 89 Mais nous ne devons pas rendre leur survie impossible, ou même plus difficile. N’évoquons cependant plus l’espoir d’un communisme angélique, sans contradictions ni conflits, une sorte d’Age d’or, de Paradis sur terre, d’inspiration finalement plus chrétienne que marxiste, où chacun satisferait tous ses désirs , qu’il appellerait alors besoins . Car ceux-ci n’ont pas de limites > > [!cite] Note > Roh précis la critique de la foie et du "paradis" > [!accord] Page 90 Avant d’aborder des problèmes aussi difficiles, il nous faut examiner comment essayer de parer, dans le proche avenir, les principales conséquences des menaces que nous percevons désormais beaucoup mieux, et qui pèsent sur notre futur : celui des pays dits développés — qu’on pourrait mieux appeler les nations égoïstes abusives > > [!cite] Note > Vers quel projet commun on veut aller ?? > [!accord] Page 92 Une deuxième étape nous conduirait à accepter une allocation progressivement centralisée à l’échelle mondiale des ressources rares ; donc le rationnement des principales matières premières > [!accord] Page 94 Le premier pas taxerait de plus en plus lourdement les produits somptuaires (les grosses automobiles) ; en attendant leur interdiction, dans le cas des plus nocifs ou des plus dispendieux. Dans ce groupe, certaines denrées présentent au surplus un caractère marqué d’inutilité, et leur fabrication pollue davantage. D’autres enfin, et nous touchons là au problème le plus effroyable, représentent la plus grande menace pour notre survie. Celle-ci nous commande donc de chercher par tous les moyens à les arrêter le plus vite possible : le lecteur l’a bien compris, il s’agit des armements , nucléaires et même conventionnels > [!accord] Page 95 Chaque État se propose de survivre au moins tel qu’il est, et prétend qu’il y est justifié ; certains cherchent encore à s’agrandir, comme Israël ; bien des frontières sont irrationnelles : au moins toutes celles qui héritent des conquêtes coloniales. Cependant, si on les remettait en cause, les sources de conflit seraient innombrables. On pourrait pourtant chercher à dévaloriser progressive ment ces limites si artificielles , aux origines si discutables, en diminuant par étapes les formes les plus dangereuses de la souveraineté nationale. La Nation a rassemblé les provinces, souvent par des conflits sanglants > > [!cite] Note > Roh oui nik les nations. Lets gooo > [!accord] Page 96 Ceci exigerait une fiscalité croissante , jusqu’à devenir progressivement prohibitive, sur toutes les manifestations de luxe les plus gaspilleuses, les plus polluantes, les plus ostentatoires : yachts et avions de plaisance, châteaux et résidences secondaires somptueuses, automobiles de prestige, chasses gardées, etc > [!accord] Page 96 Un impôt sur le capital ne saurait être évité, spécialement sur le capital somptuaire ; ainsi qu’un renforcement des taxations sur l’héritage > [!accord] Page 96 Les activités somptuaires ainsi ralenties, armements compris, libéreraient d’énormes quantités de métaux rares et de travail qualifié. Ce qui permettrait, surtout avec les progrès prévisibles de la productivité, de beaucoup diminuer le travail nécessaire, tout en accroissant les ressources en faveur des classes actuellement déshéritées, à la fois dans le pays considéré, et au-dehors > [!information] Page 97 Ne nous dites pas que c’est irréalisable : en Islande, une serveuse de café gagne l’équivalent de 1 500 F par mois, un ministre 2 000 F, et un commandant de chalutier 2 500 F. L’éventail de salaires y est donc encore plus fermé qu’en Chine ! À Grenelle, en mai 1968, il eût été possible de commencer à « déhiérarchiser » plus les salaires > [!accord] Page 97 Au Québec, plus riche que nous, des grands immeubles comptent des installations collectives de machines à laver, que chaque famille utilise à son gré, en y introduisant pour l’ouvrir une pièce de 25 cents, puis son linge et ses détergents > [!accord] Page 97 Les cadences infernales du travail à la chaîne , le travail parcellisé et abrutissant des O.S., de « nos » prolétaires africains, n’auraient alors plus aucune justification. La production réduite et automatisée n’augmenterait plus le chômage, mais les loisirs, quand la société se proposera comme objectif premier de répartir rationnellement entre tous la masse de travail social encore nécessaire. > > [!cite] Note > Très bonne argument ça. Ce n'est pas moins d'emploi disponible, mais bien plus de temps libre (direction vers un salaire universel) > [!information] Page 100 En octobre 1972, on apprend que le trafic routier dépasse, pour la première fois, celui du rail. Et les camions de 38 tonnes obtiennent le droit de détériorer les routes et d’abîmer, par leurs secousses, véritables tremblements de terre, le Colisée de Rome, la cathédrale de Milan, sinon notre Panthéon > [!information] Page 101 D’abord parce qu’elle occupe, nous dit Aurélio Peccei30 , un des grands patrons de Fiat, « une portion de sol urbain 25 fois supérieure par personne à celle que prennent les moyens de transport collectifs ». > [!accord] Page 101 La taxe d’utilisation (vignette) serait bien plus élevée les premières années de la vie d’une voiture, et irait ensuite en diminuant, plus rapidement après cinq années, pour s’annuler à partir de la dixième année : de façon à encourager la fabrication d’une moindre variété d’autos bien plus simples mais très durables, et les soins de ceux qui les entretiennent mieux > [!désaccord] Page 101 Dans une telle hypothèse, la taxe sur l’essence serait aussi accrue. Nous savons qu’il s’y ajouterait dans la même période, le coût d’extraction et les redevances accrues du pétrole, qui iront en augmentant rapidement : il manque déjà aux États-Unis ! > > [!cite] Note > Malheureusement on l'a vu c'est les plus pauvre qui subissent. Ce système doit être dépasser pour renverser la balance > [!accord] Page 101 En même temps on subventionnerait, à l’aide d’une partie des taxes ainsi obtenues, toutes les formes de transports collectifs ; surtout s’ils ne polluent pas, comme les trolleybus, tramways à voie réservée et trains électriques. Il faut élever le coût d’utilisation de la voiture privée à un niveau tel qu’on ait un gros avantage pécuniaire à prendre le train, même s’il s’agit de 4 ou 5 personnes : une sortie en voiture doit devenir un grand luxe > [!accord] Page 101 Des autocars rapides et bientôt électriques, en grand nombre, sillonneraient alors les campagnes. Les tramways ou trolleybus électriques redonneraient, dans les villes décongestionnées, la possibilité de se déplacer rapidement et partout sans sa voiture. Ils seraient gratuits, de sorte que les non-usagers le paieraient aussi par leurs impôts, et l’on libérerait de leur prison tous les poinçonneurs du métro. Déjà des voitures électriques circulent à Dijon, et Florence pense mettre des vélos banalisés à la disposition de ses habitants > [!accord] Page 102 La voiture électrique serait, dans une étape ultérieure, la seule admise pour le trafic encore autorisé en ville > [!information] Page 103 Une double voie ferrée débite autant de voyageurs et de marchandises que 18 voies d’autoroute, 9 dans chaque sens. Avec cinq fois moins d’énergie > [!accord] Page 103 Dans chaque gare serait installé un centre de location de vélos, vélomoteurs électriques et voitures électriques, permettant de gagner rapidement son domicile. Des vélos, vélomoteurs et taxis électriques banalisés pourraient être mis ensuite à la disposition du public dans chaque ville. > [!accord] Page 106 Une vie culturelle plus intense pourrait être développée dans les bourgs de campagne et les villes secondaires. Le corps enseignant, les ingénieurs, les médecins, certains retraités, etc., seraient capables de provoquer, d’animer des débats passionnants sur les grands problèmes économiques, culturels ou politiques : comme les moyens de sortir plus vite de la misère les migrants et les sous-développés ; ou l’avenir de la cité, de la région revivifiée, de la nation de préférence « déchauvinisée » et du monde, avec les organismes planétaires à concevoir > [!accord] Page 106 De chaque mètre carré il faut faire une source d’oxygène. Toutes ces activités créent des richesses non polluantes, à la différence de l’industrie > [!désaccord] Page 106 Comment freiner l’urbanisation délirante qui est en cours ? Par des pressions économiques d’abord : en y rendant, par des taxes spéciales, l’acquisition des logements bien plus onéreux > > [!cite] Note > Comme d'habitude, faire attention à ce genre de solution pour que ça ne tape pas sur les plus pauvre, qui eux n'ont pas le choix d'aller dans des logements de plus en plus loin > [!accord] Page 107 et en subventionnant les constructions aux seuls emplacements recommandés. La spéculation immobilière en sera du coup freinée, puis bloquée (collectivisation) ; ce qui n’ira pas sans pressions ni grincements de dents > [!accord] Page 108 On recouvre de mazout les pêches et les pommes dites invendables ; alors que tant d’enfants et de vieillards de ressources modestes seraient fort désireux de les consommer > [!approfondir] Page 113 Si nos égouts débouchent dans les champs cultivés, ils fertiliseront et pollueront moins les eaux ; si on laboure un peu plus de prairies, on pourra réduire l’usage des engrais azotés, avec plus de légumineuses > [!accord] Page 114 De Ceylan en Mauritanie et en bien d’autres lieux, l’esclavage n’a pas encore été entièrement supprimé . Chez nous, il prend la forme des travailleurs migrants. Sous les Tropiques on les appelle des paysans, des fellahs, des nhaqués, des conucos, des métayers (bargadars), des raiyats… > [!accord] Page 115 Certains marais difficiles à drainer, ou peu propres pour la culture — trop acides, avec sels d’aluminium toxiques « libres » — que l’on convertit à grands frais en mauvaises rizières, conviendraient bien mieux à la pisciculture intensive, transformés en étangs qui donneraient bien plus d’aliments, et surtout plus de protéines > > [!cite] Note > La réflexion en taux de protéine est l'une des meilleurs position je trouve pour établir une base de réflexion > [!accord] Page 120 La contradiction principale de notre époque ne se situe plus entre patrons et ouvriers, dirigeants et dirigés des pays riches. J’ai vu à New York une bande d’ouvriers du bâtiment partir battre les étudiants de Columbia University, qui luttaient contre la guerre du Vietnam : en 1972, ces « prolétaires » ont préféré Nixon à Mac Govern ! > [!accord] Page 120 Il y a déjà un siècle, Engels soulignait que les ouvriers anglais profitaient de l’impérialisme britannique. > [!information] Page 121 Ayant vécu deux guerres mondiales, j’ai dû travailler pour produire (1914-1918) ou transporter (1940-1944) ; aussi je reste choqué par le moindre gaspillage, à un point qui étonne mes jeunes amis, surtout au Québec. Ce n’est pas pour rien que j’ai été élevé dans un respect « religieux » du pain : preuve qu’une éducation peut marquer > [!accord] Page 121 Nous sommes conditionnés au gaspillage , base indispensable de l’économie de profit. Nous pourrions être éduqués — ou rééduqués — à ne plus jouir de biens qui nuisent aux plus déshérités . Car la plupart de nos autos privées ne représentent que des abus intolérables de privilégiés, qui contribuent à accroître la misère des pauvres, à compromettre notre survie > [!accord] Page 122 Doubler notre population en trente années exige de construire ou d’établir dans le même espace de temps autant de logements, de capacité de production agricole et industrielle, de moyens d’éducation et de santé, sinon d’infrastructure générale et d’équipements, etc., qu’on l’a fait au cours des quelques millénaires qui nous précèdent > [!accord] Page 123 Mais leur proposer une telle politique ne pourrait devenir acceptable qu’après l’éducation des intéressés et l’adoption d’une série de mesures impliquant une réelle solidarité sur le plan de la planète où nous sommes tous embarqués, bon gré mal gré — donc après que le pouvoir aura été arraché des mains des riches et des puissants > [!approfondir] Page 124 Nous butons une fois de plus sur le problème essentiel, celui du pouvoir : sur ce terrain non plus, nous ne sommes ni trop optimistes, ni trop pessimistes. Tout va dépendre de la vitesse avec laquelle la majorité des exploités prendra réellement, profondément conscience de la gravité de la situation , et saura en tirer toutes les conséquences… > > [!cite] Note > Le libéralisme a augmenter l'aliénation de ces tranches de population en les montant les uns contre les autres > [!accord] Page 125 Ce serait le seul moyen de désarmer les éventuels terroristes de la misère du monde, qui ne seront demain plus seulement des Palestiniens, si nous osons prolonger et même aggraver l’actuel degré d’exploitation > [!accord] Page 125 Le seul espoir des malheureux, ils le comprennent de mieux en mieux, sera de nous faire peur . Et notre société si artificielle, si complexe, devient de ce fait de plus en plus vulnérable à l’audace de ceux qui n’hésiteront pas à faire le sacrifice de leur vie. Alors ? Il nous faut essayer de reconstruire un vrai Nouveau Monde (je n’ose plus dire une Nouvelle Société, terme trop galvaudé), sur des bases entièrement repensées, avec des hommes formés, forgés, reforgés, par des méthodes d’éducation totalement renouvelées, dans le cadre de structures sociales en constante évolution > [!accord] Page 128 L’école ne viserait plus en premier l’élevage sélectionné, élitiste, se consacrant presque uniquement à la petite minorité accédant aux niveaux supérieurs. Elle rechercherait la promotion collective du village : enfants, jeunes et adultes réunis, dans un système d’éducation permanente et d’enseignement mutuel, dont [[Ivan Illich]] trace des schémas intéressants ; mais il aurait dû pousser plus le dessin ^a78e2e > [!accord] Page 128 Passer à un certain type de socialisme suppose cependant que l’on ait déjà réalisé une évolution politique notable ; le problème est de savoir comment l’atteindre. La France de 1975 est bien trop infectée d’esprit petit-bourgeois, profondément égoïste ; mais les militants et les jeunes y représentent un espoir que l’on ne peut plus négliger, surtout depuis mai 1968 et mai 74. À condition qu’ils sortent de leur morosité, de leur ennui ; qu’ils ne craignent pas de critiquer à chaque pas, à la maison aussi, la société des adultes ; et surtout qu’ils se dégagent, pour les plus ardents d’entre eux, d’une série de dogmatismes, qui les incitent à se battre entre eux, au lieu de s’unir contre l’ennemi commun. Le militant qui, après ses 45 heures par semaine en usine, consacre encore 15 à 20 heures supplémentaires non rémunérées à ses activités syndicales, au risque de perdre sa place (Citroën, Simca), est un homme nouveau , plus solide que l’étudiant, « amateur » en politique > [!accord] Page 129 celle du Vietnam en lutte contre l’impérialisme des États-Unis. La fin de cette guerre ne devrait pourtant pas affaiblir l’idée de combat commun pour les damnés de la terre , les plus exploités de la planète, qui n’est pas terminé, et ne le sera peut-être jamais, nous dit Mao Tsé-toung. > [!désaccord] Page 130 Ces jeunes réaliseraient eux-mêmes autour d’eux, comme le font notamment des élèves de l’Agro, l’alphabétisation des travailleurs immigrés, qui sont « le Tiers Monde parmi nous ». Ils participeraient « outre-mer » aux campagnes d’alphabétisation-formation capables d’utiliser leurs services, pour élaborer une conception toute nouvelle de la pédagogie. En vivant avec les Africains et comme eux, ce que font déjà les Chinois… > > [!cite] Note > Alors pour le coup le Chine c'est compliqué. A l'époque ce n'était peut être pas impérialiste, mais vu la grandeur économique de la Chine actuellement, je pense que ce passage est à prendre avec des énorme pincette Pas la même politique chinoise que actuellement. > [!accord] Page 131 En se plaçant au point de vue de l’avenir de la planète, de l’humanité, on se proposera en priorité la fin des gaspillages des pays riches ; même s’ils sont populaires, comme l’auto familiale ; et des inégalités, même quand celles-ci sont trop facilement admises, comme le luxe de nos riches, insultant la misère du Tiers Monde. Ce qui exigera une longue phase d’éducation, pour généraliser le degré de prise de conscience nécessaire à un tel renouveau des concepts. Un lycéen de Montargis me disait que ce ne serait plus de la démocratie. La société d’aujourd’hui permet évidemment bien des licences, mais les réserve aux pays riches, et les élargit pour les riches de ces pays. Est-ce là de la démocratie ? À l’échelle internationale, ces riches constituent une véritable oligarchie > [!accord] Page 132 Nos sociétés développées trouveraient certes en Chine les bases d’une nouvelle foi dans l’homme et ses possibilités de progrès. Mais les décisions essentielles, comme la politique extérieure ou le Plan, sont préparées tout en haut de la hiérarchie, à l’échelon très restreint d’un petit noyau de dirigeants, pourvus de ce fait de pouvoirs exceptionnels, sans que l’on voie intervenir à ce niveau ce fameux contrôle populaire que réclamait [[Lénine]] ^2ca5b4 > [!accord] Page 133 Si nous préférons pour nous plus de liberté d’information et de démocratie, même dite formelle, ce n’est sûrement pas à nous de dire ce qui convient le mieux aux Chinois , que nos aînés ont cyniquement exploités. > [!accord] Page 133 Les menaces d’épuisement des principales ressources, énergie et minerais, eau douce et air pur, devraient inciter à les mieux répartir, si les idées de justice sociale gagnaient le plus grand nombre. Mais elles peuvent aussi inciter les pays privilégiés (et surtout le plus puissant d’entre eux) à accentuer de nouvelles formes de mainmise économique sur la majeure partie des richesses du globe , en isolant les autres misères, pour ne plus les voir > [!accord] Page 134 Mais le communiste Claude Poperen n’en prend pas le chemin, quand il fait l’éloge de l’automobile privée pour tous. Ce qui va encore accentuer les privations, le pillage du Tiers Monde. Une fois que l’on s’est bien embourgeoisé, il est plus difficile de retrouver la solidarité internationaliste vraie > [!accord] Page 135 Quand ils en arrivent à recouvrir leurs entreprises d’un voile pseudo-démocratique, l’hypocrisie des États-Unis est à son comble ; le fascisme pourrait s’y installer, derrière le complexe militaro-industriel > [!accord] Page 135 On me dira pessimiste, ce n’est pas vrai. Depuis le début de cet essai, tout comme le club de Rome, je recherche une issue, non seulement plus longuement viable, comme eux, mais aussi plus humaine, moins injuste que notre capitalisme déclinant, décadent, que le club n’a pas voulu condamner. > > [!cite] Note > Niquez vous les bobo, nik le capitalisme > [!accord] Page 136 L’histoire du capitalisme est aussi pleine de faillites, et cependant il « s’épanouit » un jour dans le développement industriel. Épanouissement pour les seuls privilégiés, et qui nous mène tous à la catastrophe… > [!information] Page 137 L’autogestion yougoslave se débat au milieu de difficultés, certains de ses éléments retournent au capitalisme ; cela ne suffit nullement à la condamner en bloc. Et le Vietnam a fait reculer la plus puissante nation du monde > [!accord] Page 138 C’est vrai, tant que le docteur est rare et précieux ; mais on en veut réduire le nombre, en recalant en première année de la faculté de Médecine de Paris, en 1972, bien des étudiants qui auraient mérité de passer. Car l’Ordre des médecins veut maintenir un certain degré de rareté du praticien pour garantir des privilèges, des rémunérations parfois abusives — mais qui le surmènent > [!accord] Page 139 N’imaginons surtout pas notre avenir sous les jours bien sombres que pourrait évoquer le seul mot d’austérité, car cette discipline de consommation permettra l’aisance chez les plus démunis. Plus que des biens accumulés, la qualité de notre vie dépendra de nos cadres de vie et de nos relations d’homme, le jour où tous pourront se nourrir, se vêtir, se loger correctement — et ce sera très possible, si nous restons un nombre limité > [!accord] Page 140 la perspective du communisme d’extrême abondance , qui apparaît désormais impossible. « À chacun selon ses besoins » ne peut plus s’appliquer qu’aux besoins raisonnables — alimentation, vêture, logement, éducation permanente, loisirs et voyages — donc limités , pour que chacun en puisse avoir sa juste part, jaunes et noirs inclus. > [!accord] Page 141 Arrivé au terme de ce court essai, nous en mesurons mieux encore les insuffisances, même si nous les avions annoncées au départ. Finalement, le problème est d’abord politique ; mais il se révèle trop difficile pour que nous l’abandonnions aux seuls politologues, et encore moins aux détenteurs actuels du pouvoir > [!accord] Page 142 Il faut se dégager de la croyance en une vérité scientifique, qui nous ferait progresser vers un avenir prédéterminé . Substituer des idées à la réalité permet de se dispenser de se justifier — et cela peut aboutir une fois de plus à un néo-stalinisme > [!accord] Page 143 « À vivre démunis de tout, dans des conditions d’extrême misère, le pauvre et le faible perdent toute volonté ou esprit d’initiative . Et même s’ils sont vifs et actifs, ils sont toujours repoussés vers les limites extrêmes de l’existence physique par la faim, la maladie, l’analphabétisme et un endettement sans issue. En outre, les interdits et restrictions de la collectivité, les préjugés séculaires les rendent à peu près imperméables aux nouvelles idées. Plutôt que des êtres humains socialement productifs ils ne sont guère que des bêtes de somme. Telles sont les dures réalités de la vie des paysans pauvres en Inde. » Abjecte pauvreté : nous en sommes responsables ; il nous faudra briser des structures, chez nous d’abord > [!accord] Page 146 Sicco Mansholt nous rappelle qu’il faut utiliser les grains plus rares à nourrir les hommes, qui doivent passer avant les porcs. Donc sortir de l’économie de profit, et réduire de moitié la consommation de viande des « gavés » d’Amérique du Nord, d’Australasie et d’Europe. Nous étions jusqu’ici des assassins sans le savoir, mais désormais vous ne pourrez plus vous boucher les oreilles, nous crierons trop fort > [!accord] Page 147 Dans la disette montante, qui tiendra le blé, le riz et le sucre gouvernera le monde. Le blé, c’est l’Amérique du Nord. Nous avons donné au Sahel en 1973, 600 000 tonnes de grains, là où il en aurait fallu un million. Donc, 1,5 pour mille de ce que nous avons donné au bétail des pays riches, soit 385 millions de tonnes de grains. Vous avez mangé les enfants du Sahel par votre surconsommation de viande : cannibalisme indirect > [!accord] Page 147 En somme, il nous faut agir sur quatre niveaux au moins. Réduire nos gaspillages personnels (viande, autos…). Animer les actions locales (quartiers, villages, entreprises, écoles). Avoir une action politique et syndi cale. Rechercher une prise de conscience au plan mondial. Aucune de ces actions ne dispense des trois autres