> [!info] Auteur : [[Jean-Paul Sartre]] Connexion : Tags : [[Clean]] [Calibre](calibre://view-book/Calibre/XXX/epub) --- # Note > [!information] Page 17 L'homme, tel que le conçoit l'existentialiste, s'il n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien. Il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait. Ainsi, il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir > [!approfondir] Page 27 l'homme n'est rien d'autre que son projet, il n'existe que dans la mesure où il se réalise, il n'est donc rien d'autre que l'ensemble de ses actes, rien d'autre que sa vie. > [!accord] Page 51 Nous sommes d'accord sur ce point, il n'y a pas de nature humaine, autrement dit, chaque époque se développe suivant des lois dialectiques, et les hommes dépendent de l'époque et non pas d'une nature humaine. > [!information] Page 9 Il en vient à gommer la dimension dramatique du rapport indissoluble de la réalité-humaine à l'Être : sa conception personnelle de l'angoisse, par exemple, héritée de Kierkegaard et de Heidegger, et réinventée, qui tient une place centrale dans son essai d'ontologie, est réduite ici à l'angoisse éthique du chef militaire au moment d'envoyer ses troupes à l'assaut. Cet effort de vulgarisation et de conciliation sera vain : les marxistes ne désarmeront pas > [!approfondir] Page 24 Lequel choisir ? Et si le jeune homme choisit un prêtre résistant, ou un prêtre collaborationniste, il a déjà décidé du genre de conseil qu'il recevra > [!accord] Page 28 mais l'existentialiste, lorsqu'il décrit un lâche, dit que ce lâche est responsable de sa lâcheté > [!information] Page 30 humaineEn outre, s'il est impossible de trouver en chaque homme une essence universelle qui serait la nature humaine, il existe pourtant une universalité humaine de condition. Ce n'est pas par hasard que les penseurs d'aujourd'hui parlent plus volontiers de la condition de l'homme que de sa nature > [!approfondir] Page 14 Le reproche essentiel qu'on nous fait, on le sait, c'est de mettre l'accent sur le mauvais côté de la vie humaine. Une dame dont on m'a parlé récemment, lorsque par nervosité, elle lâche un mot vulgaire, déclare en s'excusant : « Je crois que je deviens existentialiste. » Par conséquent, on assimile laideur à existentialisme > [!approfondir] Page 25 Au fond, quand Descartes disait : « Se vaincre plutôt Désespoir et actionsoi-même que le monde », il voulait dire la même chose : agir sans espoir > [!information] Page 21 Dostoïevsky avait écrit : « Si Dieu n'exisDostoïevsky et l'existentialismetait pas, tout serait permis. » C'est là le point de départ de l'existentialisme. > [!approfondir] Page 20 Et cette sorte d'angoisse, qui est celle que décrit l'existentialisme, nous verrons qu'elle s'explique en outre par une responsabilité directe vis-à-vis des autres hommes qu'elle engage > [!approfondir] Page 18 Mais si vraiment l'existence précède l'essence, L'homme est pleinement responsablel'homme est responsable de ce qu'il est. Ainsi, la première démarche de l'existentialisme est de mettre tout homme en possession de ce qu'il est et de faire reposer sur lui la responsabilité totale de son existence > [!approfondir] Page 35 Les uns qui se cacheront, par l'esprit de sérieux ou par des excuses déterministes, leur liberté totale, je les appellerai lâches ; les autres qui essaieront de montrer que leur existence était nécessaire, alors qu'elle est la contingence même de l'apparition de l'homme sur la terre, je les appellerai des salauds > [!approfondir] Page 28 Un des reproches qu'on fait le plus souvent aux Chemins de la Liberté se formule ainsi : mais enfin, ces gens qui sont si veules, comment en ferez-vous des héros ? Cette objection prête plutôt à rire car elle suppose que les gens naissent héros > [!information] Page 18 Et, quand nous disons que l'homme est responsable de lui-même, nous ne voulons pas dire que l'homme est responsable de sa stricte individualité, mais qu'il est responsable de tous les hommes > [!accord] Page 20 Si une voix s'adresse à moi, c'est toujours moi qui déciderai que cette voix est la voix de l'ange ; si je considère que tel acte est bon, c'est moi qui choisirai de dire que cet acte est bon plutôt que mauvais. > [!accord] Page 40 Si vraiment la philosophie existentialiste est avant tout une philosophie qui dit : l'existence précède l'essence, elle doit être vécue pour être vraiment sincère > [!information] Page 16 Ce qu'ils ont en commun, c'est simplement le fait qu'ils estiment que l'existence précède l'essence, ou, si vous voulez, qu'il faut partir de la subjectivité > [!information] Page 17 Cette idée, nous la retrouvons un peu partout : nous la retrouvons chez Diderot, chez Voltaire, et même chez [[Emmanuel Kant|Kant]]. L'homme est possesseur d'une nature humaine ; cette nature humaine, qui est le concept humain, se retrouve chez tous les hommes, ce qui signifie que chaque homme est un exemple particulier d'un concept universel, l'homme ^abb0a4 > [!approfondir] Page 16 Nous dirons donc que, pour le coupe-papier, l'essence – c'est-à-dire l'ensemble des recettes et des qualités qui permettent de le produire et de le définir – précède l'existence ; et ainsi la présence, en face de moi, de tel coupe-papier ou de tel livre est déterminée > [!accord] Page 24 Au moins, direz-vous, est-il allé voir un professeur pour lui demander conseil. Mais, si vous cherchez un conseil auprès d'un prêtre, par exemple, vous avez choisi ce prêtre, vous saviez déjà au fond, plus ou moins, ce qu'il allait vous conseiller > [!accord] Page 37 Il faut prendre les choses comme elles sont. Et, par ailleurs, dire que nous inventons les valeurs ne signifie pas autre chose que ceci : la vie n'a pas de sens, a priori. Avant que vous ne viviez, la vie, elle, n'est rien, mais c'est à vous de lui donner un sens, et la valeur n'est pas autre chose que ce sens que vous choisissez > [!information] Page 29 Vous voyez qu'il ne peut pas être considéré comme une philosophie du quiétisme, puisqu'il définit l'homme L'existentialisme est une doctrine optimistepar l'action ; ni comme une description pessimiste de l'homme : il n'y a pas de doctrine plus optimiste, puisque le destin de l'homme est en lui-même ; ni comme une tentative pour décourager l'homme d'agir puisqu'il lui dit qu'il n'y a d'espoir que dans son action, et que la seule chose qui permet à l'homme de vivre, c'est l'acte > [!accord] Page 25 Le délaissement implique que nous choisissons nous-mêmes notre être. Le délaissement va avec l'angoisse > [!approfondir] Page 17 athéeL'existentialisme athée, que je représente, est plus cohérent. Il déclare que si Dieu n'existe pas, il y a au moins un être chez qui l'existence précède l'essence, un être qui existe avant de pouvoir être défini par aucun concept et que cet être c'est l'homme ou, comme dit Heidegger, la réalité-humaine > [!accord] Page 22 Nous sommes seuls, sans excuses. C'est ce que j'exprimerai en disant que l'homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait > [!approfondir] Page 8 Sur le plan théorique aussi, l'idée de liberté fait problème. Dans cette conférence, Sartre voudrait au moins, au point où il en est de sa recherche philosophique, convaincre les marxistes du P.C. qu'elle ne contredit pas la conception marxiste de la détermination de l'homme par l'économique > [!information] Page 23 Et, en même temps, il hésitait entre deux types de morale. D'une part, une morale de la sympathie, du dévouement individuel ; et d'autre part, une morale plus large, mais d'une efficacité plus contestable. Il fallait choisir entre les deux > [!approfondir] Page 5 Son personnage principal fut jugé veule ou cynique. « Je pense que ce qui rend surtout mes personnages gênants, écrivait Sartre, c'est leur lucidité. Ce qu'ils sont, ils le savent, et ils choisissent de l'être. » > [!accord] Page 19 Ceci nous permet de comprendre ce que recouvrent des mots un peu grandiloquents comme angoisse, délaissement, désespoir > [!approfondir] Page 26 Est-ce que ça veut dire que je doive m'abandonner au quiétisme ? Non. D'abord je dois m'engager, ensuite agir selon la vieille formule « il n'est pas besoin d'espérer pour entreprendre » > [!approfondir] Page 19 Et si je veux, fait plus individuel, me marier, avoir des enfants, même si ce mariage dépend uniquement de ma situation, ou de ma passion, ou de mon désir, par là j'engage non seulement moi-même, mais l'humanité tout entière sur la voie de la monogamie. Ainsi je suis responsable pour moi-même et pour tous, et je crée une certaine image de l'homme que je choisis ; en me choisissant, je choisis l'homme. > [!accord] Page 18 Choisir d'être ceci ou cela, c'est affirmer en même temps la valeur de ce que nous choisissons, car nous ne pouvons jamais choisir le mal ; ce que nous choisissons, c'est toujours le bien, et rien ne peut être bon pour nous sans l'être pour tous > [!accord] Page 26 Mais je ne puis pas compter sur des hommes que je ne connais pas en me fondant sur la Il n'y a pas de nature humainebonté humaine, ou sur l'intérêt de l'homme pour le bien de la société, étant donné que l'homme est libre, et qu'il n'y a aucune nature humaine sur laquelle je puisse faire fond > [!approfondir] Page 17 Tel est le premier principe de l'existentialisme. C'est aussi ce qu'on appelle la subjectivité, et que l'on nous reproche sous ce nom même. > [!information] Page 22 L'existentialiste ne croit pas à la puissance de la passion. Il ne pensera jamais qu'une belle passion est un torrent dévastateur qui conduit fatalement l'homme à certains actes, et qui, par conséquent, est une excuse. Il pense que l'homme est responsable de sa passion > [!information] Page 25 Elle veut dire que nous nous bornerons à compter sur ce qui dépend de notre volonté, ou sur l'ensemble des probabilités qui rendent notre action possible. Quand on veut quelque chose, il y a toujours des éléments probables > [!approfondir] Page 29 Ce que dit l'existentialiste, c'est que le lâche se fait lâche, que le héros se fait héros ; il y a toujours une possibilité pour le lâche de ne plus être lâche, et pour le héros de cesser d'être un héros > [!approfondir] Page 19 Certes, beaucoup de gens ne sont pas anxieux ; mais nous prétendons qu'ils se masquent leur angoisse, qu'ils la fuient ; certainement, beaucoup de gens croient en agissant n'engager qu'eux-mêmes, et lorsqu'on leur dit : mais si tout le monde faisait comme ça ? ils haussent les épaules et répondent : tout le monde ne fait pas comme ça. Mais en vérité, on doit toujours se demander : qu'arriverait-il si tout le monde en faisait autant ? et on n'échappe à cette pensée inquiétante que par une sorte de Angoisse et mauvaise foimauvaise foi > [!information] Page 18 Je peux vouloir adhérer à un parti, écrire un livre, me marier, tout cela n'est qu'une manifestation d'un choix plus originel, plus spontané que ce qu'on appelle volonté > [!accord] Page 27 Par exemple, si je me demande : la collectivisation, en tant que telle, arrivera-t-elle ? Je n'en sais rien, je sais seulement que tout ce qui sera en mon pouvoir pour la faire arriver, je le ferai ; en dehors de cela, je ne puis compter sur rien. > [!approfondir] Page 38 Non pas que nous croyions que Dieu existe, mais nous pensons que le problème n'est pas celui de son existence ; il faut que l'homme se retrouve lui-même et se persuade que rien ne peut le sauver de lui-même, fût-ce une preuve valable de l'existence de Dieu. En ce sens, l'existentialisme est un optimisme, une doctrine d'action, et c'est seulement par mauvaise foi que, confondant leur propre désespoir avec le nôtre, les chrétiens peuvent nous appeler désespérés > [!accord] Page 22 Il pense donc que l'homme, sans aucun L'homme invente l'hommeappui et sans aucun secours, est condamné à chaque instant à inventer l'homme > [!accord] Page 20 Il ne s'agit pas là d'une angoisse qui conduirait au quiétisme, à l'inaction. Il s'agit d'une angoisse simple, que tous ceux qui ont eu des responsabilités connaissent > [!accord] Page 15 et au fond le mot a pris aujourd'hui une telle largeur et une telle extension qu'il ne signifie plus rien du tout. > [!information] Page 17 Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence ? Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le > [!accord] Page 34 On peut juger un homme en disant qu'il est de mauvaise foi. Si nous avons défini la situation de l'homme comme un choix libre, sans excuses et sans secours, tout homme qui se réfugie derrière l'excuse de ses passions, tout homme qui invente un déterminisme est un homme de mauvaise La mauvaise foifoi > [!accord] Page 35 Nous voulons la liberté pour la liberté et à travers chaque circonstance particulière. Et en voulant la liberté, nous découvrons qu'elle dépend entièrement de la liberté des autres, et que la liberté des autres dépend de la nôtre.